Le journal : « l’Illustration » du 11 mars 1916
Dans le « journal universel » l’Illustration » du 11 mars 1916, il
y a 10 pages consacrées à la bataille de Verdun, ce qui est considérable par
rapport aux numéros précédents. De plus, il y a un supplément, le Tableau
d’Honneur de l’Illustration, consacré aux soldats héroïques de cette guerre,
ayant accompli un acte de bravoure. Déjà, le numéro du 4 mars 1916 avait
retracé le déroulement de la bataille depuis l’attaque allemande du 21 février et
décrit la chute du fort de Douaumont, le 25 février, après un terrible
bombardement et des combats féroces, ce qui est faux puisque les soldats
brandebourgeois pénétrèrent dans le fort sans combat, en surprenant les
quelques soldats français qui le gardaient.
Nous observons que la guerre est racontée de manière très
détaillée, avec des heures et des dates précises, avec des noms de villages, de
bois et d’unités combattantes. Les textes sont accompagnés de différentes
cartes, afin que les lecteurs puissent suivre le parcours des soldats plus
lisiblement. Et pour que ce soit encore plus compréhensible, il y a des photos et
des dessins assez nombreux et souvent de grande taille (la Voie Sacrée par
Georges Scott, une vue de la ville de Verdun et de l’évêché par Renaudin, des
photos des soldats français au Bois des Caures, ainsi que de la visite de Poincaré à
Verdun, le président étant venu inspecter les troupes), qui illustrent le tout.
Dans le journal de ce jour uniquement, il y a un grand portrait du
général Pétain, qui est mis en valeur sur une seule page. Le portrait, qui est
de bonne qualité, est fait de carton, et en couleur, et il est collé à la main.
A l’arrière plan, on voit les tranchées et les soldats à l’intérieur. Déjà on
voit naître le « culte » de ce personnage, nommé commandant du secteur de Verdun le 24 février 1916, car la première page du
journal le montre aussi, en place centrale alors que le général Joffre, le
commandant en chef de l’armée française se trouve rejeté sur la gauche de la
photo.
Les journaux, à l’époque, étaient bien détaillés, car il n’y avait
pas de télévision. Donc le journal était le meilleur moyen de faire passer les
informations et de suivre les péripéties de la bataille.
Nous remarquons que dans les textes, ce sont les défaites de l’ennemi
et ses lourdes pertes qui sont mises en avant, afin de donner de l’espoir et du
courage au civils et de cacher les nôtres, même si le journaliste admet la perte
de certaines portions du terrain. Le journal mentionne l’activité des Allemands
sur le secteur Ouest de Verdun alors que jusque là, ils avaient attaqué le
secteur Est. Le redressement français est aussi bien montré : les
renforts, sous l’autorité de Pétain, arrivent en masse grâce à la Voie Sacrée.
Tous les journaux étaient ainsi faits de la même manière, sans
oublier qu’il y avait des pubs afin de mieux vendre certains objets par
exemple : des shampoings, de l’alcool, des corsets…