dimanche 4 juin 2023


 LE FORT DE LA POMPELLE ET LA FERME DE NAVARIN.

Deux hauts lieux de mémoire de la Grande Guerre.

La sortie du jeudi 02 mars 2023.


Après une mise en sommeil de cinq ans (voir l'article du 23 avril 2018), voici le retour de Guillaume Apollinaire sur le Front de Champagne ! Une visite scolaire fut organisée par le lycée Arthur Varoquaux au fort de la Pompelle et à l'Ossuaire-Mémorial de la Ferme de Navarin dans le cadre d'un projet transdisciplinaire mené par quatre collègues de l'établissement : Jérôme Janczukiewicz, en histoire; Nathalie Lefoll en français; Marie Da Fonte et Kelly Inglebert en anglais.

L'objectif était de faire étudier aux élèves de première générale et de HGGSP la Guerre de 1914-1918 en se rendant sur des sites près desquels avait combattu Guillaume Apollinaire ainsi que d'autres grands auteurs comme Blaise Cendrars ou Jean Giono. De même, la présence de troupes britanniques refoulées du Chemin des Dames en 1918, et de soldats américains permettait de réaliser un très intéressant projet en langue anglaise en s'appuyant sur l'histoire locale. 

Ainsi, le jeudi 2 mars 2023, 54 élèves, accompagnés par leurs professeurs, prirent le bus pour Reims et la matinée fut occupée à visiter le Fort de la Pompelle, situé à 5 km de la ville. 

Ce fort, construit en 1884, faisait partie du système fortifié Séré de Rivières qui protégeait l'est de la France, dans notre cas la ville de Reims qui disposait d'un anneau de forteresses. Edifié en pierre, le fort avait été abandonné par l'armée française à la veille de la Grande Guerre, et il fut pris par les Allemands en septembre 1914, avant d'être repris par les Français lors de la contre-attaque menée à cette époque. Désormais, le fort de la Pompelle fut la pierre angulaire de la défense de Reims, la ligne de front suivant la route nationale n° 44, les Français étant retranchés au sud, les Allemands au nord. Malgré des bombardements très violents, qui s'amplifièrent à partir de février 1918, le fort, dont la structure avait été partiellement bétonnée, tint bon jusqu'à la retraite des Allemands fin octobre 1918, servant de point d'appui et d'abri aux troupes françaises mais aussi russes qui y furent envoyées. 


Secteur du fort de la Pompelle. Relevé de 1912, système Lambert, Reims S.-O. Collection particulière. 


Le fort, durement pilonné, illustre parfaitement un des aspects de la Grande Guerre avec le rôle de l'artillerie. Restauré et rénové lors du Centenaire du conflit, c'est aussi un musée remarquable par la richesse de sa collection.



Le fort en 1918 et en 2023.


Deux vues d'ensemble du fort de la Pompelle (1918 et 2023).

Les élèves ont été répartis en plusieurs groupes pour assurer la fluidité de la visite et ils ont découvert la collection d'uniformes, d'armes et d'objets conservée au fort. Après avoir répondu aux questions sur l'origine du fort et son rôle en 1914 - 1918, ils ont parcouru les galeries et sélectionné librement plusieurs objets.

Ils ont été d'abord frappé par l'aspect chatoyant des uniformes français du début de la Grande Guerre et ils ont pu voir l'évolution de ces mêmes uniformes à partir de 1915. Pour la partie en anglais, ils ont étudié l'uniforme de l'officier anglais et celui du soldat américain de 1918 présentés dans une salle.

Un cuirassier français de 1914.


Le fantassin français de 1914.


Un officier britannique. Lors de la Grande Guerre, le soldat britannique était surnommé "Tommy".




Le soldat américain de 1917-1918, surnommé Sammy", avec son casque britannique dans la main. Dans le secteur de Reims, la 42ème Division d'Infanterie "Raimbow" combattit en juillet 1918, avec Douglas McArthur dans ses rangs.















Un artilleur français 1916-1917.



Un fantassin italien. Les Italiens furent présents en Argonne avec les volontaires garibaldiens puis avec des unités de l'armée régulière qui affrontèrent les Allemands en 1918 dans le secteur de Reims.

Ils ont aussi été très intéressés par les uniformes et équipements des troupes coloniales et indigènes, nombreuses dans le secteur de Reims en 1914 - 1918.

Un tirailleur sénégalais. 

La magnifique collection de casques à pointe les a aussi vivement frappés par la diversités des insignes et des formes.



Surtout, la présence de troupes russes dans le fort et dans les environs les a beaucoup intrigués et cela a permis à leur professeur d'histoire d'évoquer les brigades spéciales russes, ces régiments rattachés à l'armée française en 1916-1917, dont un monument situé à l'entrée du fort rappelle les combats avec les Français. 


Un soldat russe de 1916.

Le monument russe à l'entrée du fort.

Les petits objets de la vie quotidienne des soldats (pipes, gourdes décorées, lettres, cartes postales) ont aussi intrigué les lycéens, ainsi que le manteau de l'empereur allemand Guillaume II, abandonné en juillet 1918 et récupéré par les Français, la tenue de l'aumônier militaire, le masque blindé des guetteurs allemands. Un tour dans la cour intérieure du fort, puis auprès des canons situés à l'extérieur, acheva la visite. 





Devant le fort de la Pompelle.



Pour le midi, tout le groupe s'est rendu au restaurant McDonald's de Reims La Croix Blandin, pour une pause agréable.


De gauche à droite, Marie Da Fonte, Jérôme Janczukiewicz, Nathalie Lefoll et Kelly Inglebert.

L'après-midi, le bus se rendit à l'Ossuaire-Mémorial de la Ferme de Navarin, afin de voir les tranchées situées autour du monument ainsi que le réseau de barbelés encore présent.







L'Ossuaire-Mémorial de la Ferme de Navarin se situe sur la route allant de Souain à Sommepy, lieu qui fut durement disputé entre Français et Allemands jusqu'en 1918. Le monument imposant fut élevé en 1924. Il est surmonté de trois gigantesques statues: celle de Serge Real del Sarte, frère du sculpteur mort en 1917, au centre le général Gouraud commandant de l'armée de Champagne et Quentin Roosevelt fils du président Théodore Roosevelt, tué en 1918. A l'intérieur il y a une chapelle et au sous-sol la tombe des généraux Gouraud et Prételat, des ossuaires, et des plaques commémoratives.

La venue de Guillaume Apollinaire dans le secteur des Hurlus, visible depuis le monument mais qui ne se visite plus car situé dans le camp militaire, celle de Blaise Cendrars qui perdit sa main droite en 1915 furent aussi évoquées dans le cadre du programme de français et de la préparation au baccalauréat.

Ensuite, ce fut le retour au lycée. Cette sortie a beaucoup plu aux élèves qui ont pu ainsi "faire cours sur place" pour la guerre de 1914 - 1918, Guillaume Apollinaire et les Calligrammes et travailler leur anglais. Ils ont fait ultérieurement une présentation orale des objets qui les avaient le plus marqués. 


Jérôme JANCZUKIEWICZ, avec Marie DA FONTE, Kelly INGLEBERT et Nathalie LEFOLL.

Classe PG 6 et groupe HGGSP P2HG4. 


lundi 13 avril 2020

LE CAPITAINE GABRIEL DEHAYE, HEROS DU 69è R.I.

LE CAPITAINE GABRIEL DEHAYE, HEROS DU 69è R.I.
1884 - 1971



La carrière du capitaine Gabriel Dehaye, originaire de Nancy, peut être retracée grâce à des documents retrouvés une fois encore dans une brocante. Il s'agit d'un lot de papiers et de photos qui permettent d'entrevoir le rôle joué par cet officier au sein de son unité, le 69ème Régiment d'Infanterie. On peut compléter ces informations avec celles données par le site Geneanet (sur les ascendants), par le registre matricule du bureau de Nancy-Toul pour 1904, et par l'historique du 69ème R.I., consulté sur le site Gallica, qui mentionne le capitaine lors des derniers combats de novembre 1918 sur l'Escaut. Les numéros de la presse locale, numérisés sur le site Limédia Kiosque, évoquent aussi Gabriel Dehaye dans plusieurs articles.

Bien entendu, le dossier militaire, conservé au Service Historique de la Défense à Vincennes, contient des informations que nous rajouterons ici lorsque nous aurons l'occasion de le consulter.

L'identification de cet officier n'a pas posé de problème grâce à sa carte de combattant, comportant une photo d'identité, où figurait aussi son état civil.




La Grande Guerre au sein du 69ème R.I.

Gabriel Edmond Dehaye est né à Nancy, en Meurthe-et-Moselle, le 20 mai 1884. Il était le fils de Joseph Emile Dehaye (1858 - 1946), qui était fabricant de bonneterie, et de Barbe Zimmermann (1851 - 1895). Ses parents étaient assez riches car Gabriel Dehaye dirigea plus tard une filature (coton, laine, soie) à Nancy appelée "les établissements Dehaye - Zimmermann" situés 30 rue Molitor à Nancy. Il fut donc à la fois capitaine d'infanterie et capitaine d'industrie ! 
Il avait quatre frères (dont un mort en bas âge en 1883) et trois soeurs, plus une demi-soeur car son père se remaria en 1906 avec une nommée Annette Fonck.

Gabriel Dehaye fut étudiant aux Beaux-Arts puis il dut faire son service militaire en 1905 selon le registre matricule, qui reste peu détaillé sur ce point. On y apprend qu'il mesurait 1 m 69 cm.


C'est une petite fiche qui résume son parcours militaire car Gabriel Dehaye visiblement prit goût à l'armée et s'engagea dans le 69ème R.I.


Caporal le 1er octobre 1907, il passa sergent le 1er octobre 1910, grade qu'il avait encore lorsque la guerre éclata le 2 août 1914. 
Ensuite, on constate qu'il devint assez rapidement officier : sous-lieutenant le 17 mai 1915, lieutenant à titre temporaire (T.T.) le 19 avril 1916 (on en trouve la mention dans le J.O. du 30 avril 1916, page 3722), puis à titre définitif (T.D.) le 5 juillet 1916 avant de devenir capitaine le 3 septembre 1918 (3 août  1918 selon le Journal des Marches et Opérations du 69ème R.I.); grade qu'il conserva par la suite. Cette progression assez rapide était liée aux lourdes pertes parmi les officiers et donc aux besoins de nouveaux cadres, mais aussi à la bravoure au combat. C'est un phénomène déjà constaté dans certaines biographies publiées sur ce site.

Nos documents ne contiennent pas des informations sur toutes les batailles auxquelles il prit part mais il fit la guerre du 2 août 1914 au 12 mai 1919, date de sa démobilisation, dans le même régiment. Nous verrons plus loin qu'il participa à la bataille de la Somme en 1916 (à Curlu) et à la bataille de l'Aisne en juillet 1918 (à Amblény) car son témoignage fut demandé pour établir les circonstances de la mort de certains soldats lors de ces opérations, ou pour attribuer une décoration.

Gabriel Dehaye, sous-lieutenant au 69ème R.I., avec son sabre.

Si l'on suit l'historique du 69ème R.I., on peut établir une chronologie sommaire des combats :

- En août et septembre 1914, le régiment participa à la bataille de Morhange et à celle du Grand Couronné près de Nancy, puis il fit la "Course à la Mer" en remontant vers le nord du Pays (dans la Somme) puis en entrant en Belgique où il combattit près d'Ypres jusqu'en mai 1915.

- L'année 1915 fut marquée par la Bataille d'Artois d'avril à juin 1915 dans le secteur de Neuville-Saint-Vaast, et par l'offensive de Champagne à partir de septembre (secteur de Beauséjour).

- En 1916, ce fut Verdun en mars - avril 1916 (secteur de Malancourt) puis la Somme de juillet à novembre 1916 (secteur de Curlu - Maurepas).

- 1917: secteur de Lunéville jusqu'en mars, puis le Chemin des Dames en avril - mai 1917 , puis la Lorraine dans le secteur de Flirey.

- 1918 : retour à Verdun (janvier - mars 1918) puis la bataille du Matz et la contre-offensive de l'Aisne à partir de juillet, et le retour en Belgique avec le franchissement de l'Escaut en novembre 1918.

De ces combats, il reste d'abord une série de photos, dont une seule est datée, où l'on voit Gabriel Dehaye avec des camarades du 69ème R.I., à pied, à cheval, en voiture. 


La Compagnie Hors Rang (chargée des travaux) du 69ème R.I. en 1914. Ici, c'est la forge.

Gabriel Dehaye, à gauche, décoré de la croix de guerre, avec deux citations.

Gabriel Dehaye, à gauche, avec un camarade.


Gabriel Dehaye, barbu et en uniforme sombre, à cheval !

En voiture ... Gabriel Dehaye, désormais lieutenant, est à droite, souriant.

Gabriel Dehaye, au milieu, en haut d'une cathédrale, sans doute fin 1918, car il porte les 3 barrettes de capitaine.


Gabriel Dehaye, devenu capitaine le 3 août 1918, termina la guerre avec la croix de guerre ornée de cinq citations, dont une à l'ordre de l'armée (avec une palme sur le ruban). A défaut du livret militaire, il était possible de retrouver les faits d'armes du capitaine grâce au Journal des Marches et Opérations (JMO) du 69ème R.I., rédigé de façon très détaillée et mis en ligne sur le site Mémoire des Hommes. 

Nous avons pu retrouver trois des cinq citations de Gabriel Dehaye, en sachant que le JMO est beaucoup moins précis à partir de la fin de 1917, que le carnet de janvier - juin 1918 est manquant, et que la suite, pour juillet - décembre 1918, est aussi rédigée de façon plus lapidaire avec seulement la mention des citations à l'ordre de l'armée, alors que pour 1915 - début 1917, toutes les citations de niveau inférieur (régiment, brigade, division, Corps d'Armée) sont scrupuleusement reportées. Il est aussi possible de retrouver les citations à l'ordre de l'armée dans le Journal Officiel de la République Française (sur le site Gallica), ainsi que les attributions de la légion d'honneur et de la médaille militaire, mais là encore, il faut "éplucher" le document page par page. 

- Le 3 juin 1915, après la bataille d'Artois dans le secteur du Labyrinthe, Gabriel Dehaye fut cité à l'ordre de la division (ordre n° 22,  ordre du régiment n° 196), mais pour un acte héroïque datant de la Bataille de Morhange le 20 août 1914 :


Dehaye Gabriel Sergent 4è Compagnie 69è RI Infanterie :
"Le 20 août, ayant vu son chef de bataillon mortellement atteint, en traversant une zône battue par les feux de l'ennemi, s'est élancé auprès de lui pour lui prendre des mains l'ordre qu'il venait de recevoir et l'a porté à son commandant de compagnie. A été jusqu'à ce jour un exemple de courage et d'entrain". Signé : Pesme.


- Ensuite, ce fut après la bataille de Champagne, dans le secteur de la butte du Mesnil, que Gabriel Dehaye reçut une citation à l'ordre de la brigade le 22 octobre 1915 (ordre de la brigade n° 22, ordre du régiment n° 320):


Dehaye Gabriel sous-lieutenant 4è Compagnie 69è RI - Le 26 septembre 1915, malgré plusieurs contre attaques allemandes, a maintenu énergiquement sa compagnie sur les positions conquises, facilitant ainsi la progression d'un bataillon de soutien.

Mais ce fut en Belgique, les 8 et 9 novembre 1918, que le capitaine Gabriel Dehaye accomplit son plus grand exploit militaire, pour lequel il est nommément cité dans l'historique du 69ème R.I. publié après la guerre. Dans la nuit du 8 au 9 novembre 1918, le régiment commença le franchissement de l'Escaut sous les feux nourris des Allemands. Gabriel Dehaye, qui commandait les 5ème et 10ème compagnies, composées de mitrailleurs, passa, avec d'autres unités sur la rive est. Mais c'est lui, qui, ayant pris le commandement de toutes les unités, réussit à tenir la tête de pont, malgré les bombardements et les attaques des Allemands, en attendant la relève des grenadiers belges.


Carte du JMO du 69ème R.I. montrant le franchissement de l'Escaut, près de Semmerzake, les 8 et 9 novembre 1918.


Le 11 décembre 1918, il fut donc cité à l'ordre de la VIème Armée Française (avec deux lieutenants) :




Le JMO du 69ème R.I. donne aussi ses promotions de grade (qui correspondent à la fiche individuelle) ainsi que ses commandements dans diverses compagnies, notamment des compagnies de mitrailleurs en 1918. Un fait important peut être souligné : le 21 juillet 1918, alors que les compagnies du régiment se trouvaient dans des "creuttes" (des carrières) à Saconin dans l'Aisne, Gabriel Dehaye fut évacué sans que la raison soit indiquée (peut être à cause des gaz utilisés abondamment par les Allemands) et il ne revint dans son unité que le 30 septembre 1918.

Le capitaine Gabriel Dehaye reçut aussi la croix de guerre belge en août 1920.


Gabriel Dehaye en 1920.

La croix de guerre avec 5 citations (curieusement avec les dates et non la Marianne à l'avers) , à gauche, et la croix de guerre belge à droite.


Le bordereau d'envoi de la décoration belge...

... curieusement imprimé au verso d'une autorisation du 69ème R.I. de porter le ruban de la Médaille Interalliée de la Victoire.

Enfin, Gabriel Dehaye fut décoré de la légion d'honneur par arrêté ministériel du 4 décembre 1920. Son dossier complet est conservé à Fontainebleau et il peut être consulté sur internet sur la base Leonore.



L'annonce de cette attribution, avec des félicitations, fut publiée dans l'Est Républicain du 15 décembre 1920, page 2 :

"Excellent officier, qui a fait preuve au cours de la campagne des plus belles qualités militaires et d'un esprit de devoir très élevé. Superbe attitude au feu. Cinq citations dont une à l'ordre de l'armée".



Une après-guerre très active.

Selon les documents retrouvés en brocante, Gabriel Dehaye s'occupa de la filature familiale en s'informant de la situation économique, peu florissante après 1918 - 1919, et du cours des matières premières. 


Gabriel Dehaye chez lui à Nancy.


Toujours capitaine au 69ème R.I., bien que passé dans la réserve (J.O. du 23 juin 1921), il fut très actif dans le domaine militaire, sous plusieurs aspects :

A - Un témoin de la Grande Guerre.

Le capitaine Dehaye dut fournir son témoignage sur les circonstances de la mort de certains camarades de combat, ou sur leurs actions d'éclat afin qu'ils reçoivent une décoration.


Demande de renseignements sur la mort du soldat Raymond Souillé, décédé à l'hôpital de Lunéville le 27 février 1917 suite à des blessures de guerre. Le 69ème R.I. se trouvait entre Lunéville et Bénaménil depuis le 9 février 1917, pour renforcer le secteur.

Demande de renseignements sur la conduite au combat du sergent Auguste Departout, blessé à Curlu (Somme) le 6 juillet 1916 afin qu'il obtienne une décoration. Imprimé au verso d'une autorisation de porter la médaille interalliée de la Victoire.

Ici, le capitaine Dehaye est prié de donner à la veuve du sous-lieutenant Roth (préfet du Morbihan qui avait voulu rejoindre le 69ème R.I., voir l'historique du 69ème R.I. page 23) des détails sur la mort de celui-ci à Curlu en juillet 1916.


Encore une demande de renseignements, cette fois pour l'attribution d'une décoration destinée au canonnier Jean Berger, du 69ème R.I., blessé à Ambleny (Aisne) le 18 juillet 1918, et qui était sous les ordres de Gabriel Dehaye.

B - Un meneur d'hommes.

Le capitaine Dehaye s'occupa aussi activement de la préparation militaire pour l'infanterie dans les années 1920 - 1930 et il reçut en 1932 des félicitations du Ministère de la Guerre pour son dévouement.


La lettre de félicitations




Titre de transport utilisé par Gabriel Dehaye





Gabriel Dehaye resta aussi un très bon tireur qui participait à des concours de tir, à Nancy, au stand du Grémillon, au sein de la Société de Tir de Nancy; concours dans lesquels il était toujours très bien classé (L'Est Républicain du 10 septembre 1930, page 4, par exemple, mais ses scores au tir sont évoqués dans plusieurs autres numéros). Il était considéré comme un des meilleurs tireurs du "Ralliement" (L'Est Républicain du 11 juin 1923, page 3).

C - Le vice-président du "Ralliement".

Les combattants du 69ème R.I. avait fondé une association patriotique, sous la forme d'une amicale nommée "le Ralliement", avec ceux des 269ème R.I. et du 42ème R.I.T. et Gabriel Dehaye en eut la vice-présidence. Cette amicale avait pour missions de resserrer les liens de camaraderie, d'évoquer les souvenirs de guerre, et d'assurer aux membres un appui moral et pécuniaire en cas de besoin (L'Est Républicain du 24 janvier 1920, page 3, qui évoque un banquet à la Brasserie des Dom). 



Il participa ainsi à des banquets comme celui du 12 mars 1939, pour lequel il y a un (très copieux) menu de conservé :



Il dut aussi participer aux cérémonies patriotiques notamment au Cimetière du Sud à Nancy où se trouve le monument du 69ème R.I. (photos prises en 2019).








D - Toujours un officier, de réserve cette fois.

Le capitaine Dehaye pouvait toujours être mobilisé et il reçut plusieurs documents à ce sujet, notamment un ordre de mobilisation accompagné d'un ordre de réquisition (18 février 1932).




Gabriel Dehaye devait être mobilisé dans son usine, et mettre sa production au service du Ministère de la Guerre.







Le capitaine Gabriel Dehaye fut radié des cadres de l'armée le 8 janvier 1941.

Nous ne savons presque rien de sa vie privée. Il se maria le 23 août 1919 à Landerneau, dans le Finistère, avec Yvonne Marie Charlotte Pallier (voir le Journal de la Meurthe et des Vosges, du 17 août 1919, page 3), sans profession, qui donna naissance à un fils, Jean, né le 8 mai 1920, scolarisé en 1937 aux établissements Jamet - Buffereau, 13 rue Saint-Léon à Nancy.

Gabriel Dehaye mourut le 1er décembre 1971 à Nancy, au 37 rue de la Source, comme il est porté sur son dossier de la légion d'honneur.

Il reste un symbole des combats du 69ème R.I. durant la guerre de 14 - 18 et sa vie montre un engagement constant dans l'armée et dans les activités patriotiques.


Jérôme Janczukiewicz