L'année 2018 marque la fin des commémorations du Centenaire de la Grande Guerre. Après les portraits de soldats de l'article précédent, nous avons voulu parcourir un des champs de bataille de 1918, en allant au Fort de la Pompelle, près de Reims, le 15 mars 2018 avec la classe de PS 3. En effet, c'est dans les environs de ce fort que se déroula le "Friedensturm", l'Offensive pour la Paix, menée le 15 juillet 1918 par les Allemands sous la supervision directe de Ludendorff, en présence de l'empereur Guillaume II. Cette offensive, lancée à l'Ouest et à l'Est de Reims par 350 000 hommes, devait faire craquer les lignes françaises et obliger la France à capituler.
Le Fort de la Pompelle, achevé en 1884, faisait partie de la seconde ligne de forteresses du système Séré de Rivières, qui visait à protéger la frontière de l'Est contre une attaque allemande. Il fut, à partir de septembre 1914, l'épine dorsale de la défense de la ville de Reims, située à 5 km seulement de distance. Toutes les attaques allemandes s'y brisèrent, malgré des moyens militaires énormes, y compris en mai, juin et juillet 1918 lors des dernières opérations sur le Front Occidental.
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La garnison du Fort de la Pompelle |
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Le souterrain |
Le Fort, renforcé hâtivement par des structures en béton, abritait alors près de 1500 soldats, des Français, des coloniaux et même des Russes jusqu'en 1917, qui pouvaient s'y rendre grâce à un souterrain partant des tranchées situées en arrière.
Quelques vues du Fort en 1918 - 1919
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Vue aérienne du Fort de la Pompelle le 24 avril 1919 (collection particulière) |
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Un char allemand détruit en mai 1918 près du fort (collection particulière) |
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L'entrée du fort en 1919 (collection particulière) |
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L'entrée du fort en 1919. On aperçoit l'entrée actuelle du musée en haut à droite, sous les gravas (collection particulière) |
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Les environs du fort en 1919 (collection particulière) |
Aujourd'hui, le Fort de la Pompelle est un magnifique musée consacré à la Grande Guerre et les élèves de PS 3 ont sélectionné, au sein de la très riche collection, plusieurs objets qui les ont intrigués.
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Le Fort de la Pompelle le 15 mars 2018 |
La sélection des élèves
Ce sont les coiffures militaires qui ont le plus impressionné les élèves, notamment les casques à pointe et les colbacks de la cavalerie allemande.
Parmi les coiffures, le colback avec la tête de mort, le casque à pointe bavarois et le casque de la garde royale prussienne ont été jugés les plus "élégants" ou impressionnants.
Les élèves ont été très sensibles aux objets de la vie quotidienne avec les gourdes de réservistes allemands, qui étaient décorées de couleurs vives, et l'incroyable horloge, fabriquée par un Poilu horloger avec des éléments (casque allemand, obus, balles etc) ramassés sur le terrain, a suscité une grande curiosité.
Le suffrage des PS 3 s'est ensuite porté sur des aspects scientifiques (forcément !) de la Grande Guerre, notamment le matériel médical.
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Une double prothèse de bras avec un "kit" d'ustensiles à insérer aux extrémités (rasoir, rond pour le verre, poinçon, marteau, cuillère à soupe, fourchette et couteau) |
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La trousse de premier secours |
Ensuite, ce sont les masques à gaz, symboles de la Grande Guerre, les instruments de visée pour l'artillerie et certaines armes et objets particuliers.
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Masques à gaz français |
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Triangle de tir pour calculer les angles |
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Le pistolet Mauser Mle 1896 avec son étui en bois servant aussi de crosse |
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Le revolver français d'artillerie Mle 1873 |
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Masque de guetteur allemand avec une encoche sur la gauche pour la crosse du fusil |
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Armes, casques et munitions retrouvés près du fort |
Enfin, certains élèves ont été intéressés par certains objets particuliers comme le képi et le hausse-col d'un officier français du Second Empire ou la mitrailleuse allemande Maxim.
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Le képi et le hausse-col d'un officier français du Second Empire |
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La mitrailleuse allemande Maxim |
Et les professeurs ?
Quant aux professeurs, madame Lefoll, en français, a remarqué la qualité des dioramas présentant une batterie de 75, reconstitution très utile dans le cadre du cours sur Guillaume Apollinaire, artilleur en Champagne, près du fort, en 1915. Les élèves ont pu ainsi voir les uniformes d'artilleur, le matériel dont il se servait ainsi que la case d'armons de la voiture-caisson, titre de son recueil de poèmes composés non loin de la Pompelle, à Beaumont-sur-Vesle.
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Le canon de 75 et ses servants, avec la voiture-caisson (la case d'armons est située sous le siège des conducteurs) |
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En face, le canon allemand de 77 |
Le professeur d'histoire, qui est venu au fort pour la première fois en 1983, en plus des casques, apprécie toujours la belle collection d'uniformes (en regrettant un peu les belles tenues des troupes coloniales que l'on voyait autrefois) et il a trouvé que la nouvelle présentation de la collection, moins chargée, permet une mise en valeur des objets et une visite fluide. Le film diffusé au début de la visite, avec les témoignages des anciens Poilus du fort, donne un aspect humain à la visite.
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La photo, le képi et la montre du général Henri Gouraud, commandant la IVè Armée Française en Champagne |
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Le cuirassier français de 1914 |
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Le manteau d'officier des Hussards de Narva ayant appartenu à l'empereur Guillaume II, qui l'oublia sur le champ de bataille en juillet 1918... |
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Le casque à pointe, en cuir, ne protégeait pas la tête du soldat... |
Après le repas de midi à Reims, la classe s'est rendue à l'Ossuaire-Mémorial de la Ferme de Navarin afin de voir les restes de tranchées. Cette année, les horaires de la sortie n'ont pas permis une visite intérieure du monument (possible sur rendez-vous lorsque le monument est fermé) qui est très majestueux.
A l'intérieur, il y a une chapelle dont les murs sont couverts de plaques portant les noms des soldats français tombés en Champagne. Le sous-sol comprend les tombes du général Gouraud, mort en 1946, et qui voulait reposer au milieu de ses hommes, celle de son aide-de-camp, le général Prételat, des plaques commémoratives en l'honneur des Américains de la Division Rainbow, des Russes, des quatre fils du président Doumer, de divers régiments et surtout des cuves contenant les os des soldats tués dans les environs.
L'intérieur du monument (visite de 2012)
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La chapelle au rez-de-chaussée, avec son vitrail |
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Les plaques commémoratives |
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L'ossuaire au sous-sol avec les cuves et les plaques |
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La tombe du général Gouraud |
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Les diverses plaques et les ossuaires |
La Ferme de Navarin dans les années 1920 - 1930
Le monument et les tranchées en mars 2018
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Le groupe de statues sculptées en 1924 par Maxime Réal del Sarte, ancien soldat de 14-18, qui avait perdu un bras au combat ! Elles représentent de gauche à droite, le frère du sculpteur, mort lors de la Grande Guerre, le général Gouraud commandant la IVè Armée Française, et Quentin Roosevelt, fils du président Théodore Roosevelt, tué le 14 juillet 1918 (représenté ici en fantassin, il était en fait aviateur). Quentin Roosevelt repose maintenant au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, en Normandie, à côté de son frère, le général Théodore (junior) Roosevelt, mort en juillet 1944. |
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Vue générale du monument |
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Les barbelés |
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La Tranchée des Vandales |
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Le terrain bouleversé par les combats de 14-18 |
Ce parcours sur l'ancien champ de bataille a permis de retracer les combats du 15 juillet 1918 et l'échec de l'offensive allemande grâce à la stratégie de défense en profondeur choisie par le général Henri Gouraud, grâce à l'aide américaine symbolisée par la statue de Quentin Roosevelt, fils du président Théodore Roosevelts, tué en 1918, et des autres troupes coloniales et étrangères présentes au sein de la IVè Armée Française (Marocains, Polonais, Tchèques, Russes).
Pour les Américains, on peut noter la présence de Douglas MacArthur, alors jeune officier de la Division Rainbow, qui connut en Champagne sa première bataille moderne (il avait déjà combattu auparavant au Mexique), et celle des soldats noirs du 369ème Régiment d'Infanterie de New York, surnommés les "Harlem Hellfighters" en raison de leur courage, intégrés, pour des questions raciales, à la IVème Armée Française. Max Brooks leur rend hommage dans son beau roman graphique éponyme publié en 2014.
Le général Gouraud, ayant obtenu la date et l'heure de l'offensive allemande grâce à un coup de main audacieux mené par Joseph Darnand (qui, plus tard, fut le sinistre chef de la Milice), fit reculer ses troupes. Le bombardement allemand, très violent, n'écrasa que des tranchées vides... Les vagues d'assaut allemandes furent alors clouées sur place par des réduits fortifiés tenus par les Français et par les tirs de l'artillerie française, ne pouvant s'abriter dans les tranchées qui avaient été empoisonnées avec de l'ypérite liquide. Les Allemands perdirent 20 000 hommes dans la journée, les Français 5000 ...
Cette Seconde Bataille de la Marne fut donc remportée par les Français et leurs alliés et, dès le 18 juillet 1918, l'armée allemande, lourdement éprouvée en Champagne et mise aussi en difficulté dans l'Oise, battait en retraite.
Les ravages de la guerre, avec les tranchées, les barbelés, les trous d'obus sont toujours bien visibles.
Un grand merci aux élèves qui ont été visiblement très intéressés par cette sortie qui permettait de rendre concrète la leçon sur la Grande Guerre et la fin de celle-ci.
Jérôme JANCZUKIEWICZ
Professeur d'histoire
Deux suppléments !
Une carte postale datée du 5 juillet 1918 (collection particulière), écrite par un soldat nommé Edouard, qui relate l'échec de l'attaque des chars allemands devant le Fort de la Pompelle.
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Le 5 juillet 1918
Je n'ai encore rien reçu aujourd'hui, mais comme je suppose bien que c'est la poste qui en est cause. Je t'envoie un petit souvenir de la Pompelle: ce tanck (sic) n'a pas pu aborder nos lignes atteint par un obus qui a fait sauter la chaîne de droite, n'a pu plus avancer ni reculer. On en a pris 5 comme cela cette journée-là mais les autres avaient réussis à traverser nos lignes. Je suis toujours en bonne santé et vous désire de même. Je vous embrasse bien fort tous les deux comme je vous aime. Tout mon amour à ma petite femme chérie.
Edouard
Bien des choses aux parents et voisins.
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Une carte postale (collection particulière) présentant la maquette des statues du monument de la Ferme de Navarin, afin de promouvoir la souscription publique pour la construction (1924). On pourra remarquer des différences de détails entre la maquette et le groupe de statues (le visage du soldat à gauche, la mitrailleuse portée par le soldat américain).