La découverte de nouveaux documents nous amène à reprendre notre série de portraits de soldats de la Grande Guerre afin d'honorer la mémoire des combattants. Les élèves de la Seconde 11 ont travaillé cette année sur deux officiers originaires de Meurthe-et-Moselle, Gaston Cauzan et Pierre René Gaire, qui sont nos sixième et septième portraits. Ils ont retracé leurs parcours grâce à des archives de nature différente.
GASTON CAUZAN, UN LORRAIN AUX COLONIES.
De Lunéville au front de Champagne via Madagascar
1881 - 1915
Le lieutenant Gaston Cauzan, 3ème R.I.C. |
L'enquête.
Le point de départ de notre étude est la découverte, chez un libraire-brocanteur de Nancy, d'une enveloppe portant la mention "Photos de Gaston". A l'intérieur, il y avait toute une série de photographies, prises entre 1902 et 1914, ayant appartenu à un officier de l'infanterie de marine. Mais qui était-il ?
L'examen minutieux des photographies permit de déterminer plusieurs éléments:
- Gaston était sous-lieutenant puis lieutenant au 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale (simple puis double galon sur les manches et sur le képi, chiffre 3 cousu sur les cols, ancre cousue sur le képi, présence de la médaille coloniale sur la poitrine, port d'un sabre).
- Il a été en garnison à Madagascar comme le mentionnent des annotations figurants au verso de certaines photos, qui portent aussi les initiales "G.C." ou une signature difficilement lisible.
- Il est parti à la guerre depuis la gare de Lorient le 18 octobre 1914. Au verso on lit "sous-lieutenant Cauzan", ce qui donnait son nom.
Cet examen a aussi montré qu'un des portraits avait été retouché par le photographe avec l'ajout d'un second galon sur les manches et le képi et de la croix de guerre peinte aussi sur la poitrine. Sans doute la famille n'avait pas de photo de lui en lieutenant porteur de cette décoration.
Cet examen a aussi montré qu'un des portraits avait été retouché par le photographe avec l'ajout d'un second galon sur les manches et le képi et de la croix de guerre peinte aussi sur la poitrine. Sans doute la famille n'avait pas de photo de lui en lieutenant porteur de cette décoration.
Etant officier dans un régiment d'élite, il y avait un fort risque que Gaston Cauzan soit mort lors de la guerre de 14-18. Effectivement, une recherche sur le site Mémoire des Hommes nous confirma cette hypothèse: deux fiches étaient au nom de Gaston Marie Pierre Cauzan, lieutenant au 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale, curieusement avec des dates de naissance différentes et des lieux de décès et des numéros de régiments différents aussi (3ème et 33 ème R.I.C.)...
Sur les indications de notre professeur, nous avons donc poussé plus loin nos recherches en consultant les registres matricules, maintenant numérisés et consultables sur internet, conservés aux Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle en prenant comme référence l'année 1901 (année des 20 ans de Gaston Cauzan). La table alphabétique du registre matricule du bureau de Nancy-Toul pour l'année 1901 porte bien le nom de Cauzan, Gaston Marie, matricule 758, né le 5 juillet 1881 et la fiche n°758 du registre donne bien de nombreux renseignements sur cet officier, dont la date de naissance était le 5 juillet 1881 (et non le 8 juillet).
Pour déterminer le lieu de la mort, nous avons consulté l'historique du 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale, sur le site Gallica, ouvrage qui relate toutes les actions du régiment en 14-18, et qui indique que cette unité participa à l'offensive de Champagne le 25 septembre 1915 près de Ville-sur-Tourbe, avec la mention de la mort de Gaston Cauzan ce jour-là, et la retranscription de sa citation à l'ordre de l'armée ! Ce dernier fut donc bien tué à Ville-sur-Tourbe et non à Souain, le jour mentionné plus haut.
Le 33ème Régiment d'Infanterie Coloniale avait bien lancé une attaque dans les environs de Souain et de la Ferme de Navarin le 25 septembre 1915, mais comme l'indique la citation de Gaston Cauzan, ce dernier, bien que parti au front avec le 33 ème R.I.C. en octobre 1914, faisait partie du 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale en septembre 1915.
Ouvrages consultés sur le site Gallica:
- Historique du 3è Régiment d'Infanterie Coloniale pendant la guerre 1914 - 1919, Rochefort-sur-Mer, Imprimerie Norbertine, 1920, dans lequel Gaston Cauzan est mentionné pages 24 (sa mort près de Ville-sur-Tourbe) et 119 (sa citation posthume).
- Historique du 33è Régiment d'Infanterie Coloniale pendant la guerre 1914 - 1919, Rochefort-sur-Mer, Imprimerie Norbertine, 1920. Ce régiment combattit en Champagne dans les secteurs de Virginy, Minaucourt et Massiges, avant d'attaquer dans le secteur de Souain et Sommepy le 25 septembre 1915.
Qui était donc Gaston Cauzan ?
Gaston Cauzan était un militaire de carrière, né le 5 juillet 1881 à Lunéville en Meurthe-et-Moselle. Il était le fils de Marius Etienne Cauzan, adjoint principal du Génie (1846 - 1894, et donc déjà décédé en 1901 lors de l'incorporation de son fils) et d'Elisabeth Simonin (1857 - 1937).
Il fut élève au lycée Bichat de Lunéville comme l'indique la plaque commémorative en l'honneur des anciens lycéens morts en 1914 - 1918. Il décida de s'engager dans l'armée en 1901 alors qu'il était étudiant, la fiche indiquant un engagement de 4 ans au sein du 79ème Régiment d'Infanterie. Il était grand pour l'époque: 1 m 81.
En fait, Gaston Cauzan rejoignit l'infanterie coloniale comme le montrent les photos les plus anciennes.
En octobre 1903, il partit de France pour rejoindre le 1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais dont le dépôt principal se trouvait à Saint-Louis du Sénégal. Il se fit alors photographier à Nancy.
On retrouve Gaston Cauzan quelques années plus tard à Madagascar, à Sakaramy, dans la pointe nord de l'île, non loin d'Antsiranana, une ville portuaire connue aussi sous le nom de Diego - Suarez, et qui était une grande base militaire. Les photos, datées de 1910-1911, le montrent en uniforme de toile blanche, avec le casque colonial, avec des camarades et des soldats "indigènes" au garde-à-vous, dans un casernement composé de baraques en bois style "mobile home" séparées par une pelouse très soignée. Il monte à cheval, rencontre des civils, bref, la vie de l'époque aux colonies ! Il est alors sous-lieutenant.
Ce sont des informations administratives, données par le Journal Officiel de la République Française, qui permettent de retracer son parcours militaire (nous n'avons pas eu l'occasion de consulter son dossier militaire au Service Historique de la Défense à Vincennes).
- Le J.O. du 6 décembre 1905 (37ème année, n° 331, page 7068) mentionne que Gaston Cauzan, sergent du 21ème régiment colonial, est admissible aux épreuves orales de l'Ecole Militaire d'Infanterie.
- Celui du 17 mars 1911 (43ème année, n° 75, page 2119), présente le tableau d'avancement des sous-officiers pour l'année 1911, fixé le 14 mars. Cauzan, qui était sergent au 3ème régiment de tirailleurs malgaches, est nommé adjudant. Les photos prises à Madagascar concernent donc cette période et le J.O. permet d'identifier le régiment de Gaston Cauzan. Les soldats indigènes en arrière-plan sont donc des tirailleurs malgaches.
- Par décision ministérielle du 10 juillet 1913 (J.O. du 12 juillet 1913, 45ème année, n° 187, page 6155), Gaston Cauzan fut promu adjudant-chef (promotion confirmée par le J.O. du 15 juillet 1913, 45ème année, n° 190, page 6286).
- Enfin, par décret du 23 janvier 1914 (J.O. du 25 janvier 1914, 46ème année, n° 24, page 683), Gaston Cauzan, qui était toujours adjudant-chef au 3ème régiment de tirailleurs malgaches, fut nommé sous-lieutenant.
Pour ses services dans les colonies, Gaston Cauzan reçut aussi la médaille coloniale.
Les photos prises ultérieurement montrent qu'il a rejoint la France et qu'il se trouvait à Lorient en 1914 dans le 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale, dont les soldats étaient surnommés les marsouins. Il se fit photographier en tenue de sous-lieutenant, notamment en octobre 1914 avant son départ pour le front et ses portraits furent retouchés plus tard, après sa mort, avec l'ajout d'un second galon et de la croix de guerre.
C'est le 18 octobre 1914 qu'il partit pour le front avec les réservistes du 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale, formant le 33ème Régiment d'Infanterie Coloniale. Des photos le montrent, sabre au côté, grand et un peu voûté, attendant le train à la gare de Lorient avec ses hommes.
La suite de son histoire est donnée par l'historique du régiment. Lorsque Gaston Cauzan et ses hommes rejoignirent le front en octobre 1914, le 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale se trouvait à Ville-sur-Tourbe, dans la Marne, sur le front de Champagne, en contrebas de la Main de Massiges, un plateau découpé ayant la forme d'une main posée à plat, position redoutable tenue par les Allemands. Les soldats y passèrent des mois difficiles, subissant des attaques régulières des Allemands et souffrant des intempéries d'un hiver qui fut dur. Le 24 février 1915, le 3ème R.I.C. quitta Ville-sur-Tourbe et fut chargé de la prise du fortin de Beauséjour qui tomba entre les mains des marsouins après de furieux combats, puis le 3ème R.I.C. revint à Ville-sur-Tourbe où il connut la guerre des mines et de violentes attaques allemandes en avril-mai 1915.
Gaston Cauzan, nommé lieutenant le 2 mars 1915 (J.O. du 4 mars 1915, 47ème année, n° 62, page 1130 où il est mentionné comme sous-lieutenant au 33ème R.I.C.), fut gravement blessé deux fois lors de cette période et il demanda néanmoins à rejoindre son régiment le 25 mai 1915. Il reçut aussi la croix de guerre avec deux citations (la troisième, à l'ordre de l'armée, étant une citation posthume).
Nous n'avons pas pu déterminer la date exacte de son passage du 33ème R.I.C. (où il semble encore servir en mars 1915) au 3ème R.I.C., son unité d'origine. Gaston Cauzan participa donc à des combats au sein du 33ème R.I.C. qui se trouvait aussi à la Main de Massiges d'octobre 1914 à janvier 1915 avant de partir pour l'Argonne (secteurs de la Chalade et de Bolante) où il resta jusqu'en avril 1915. C'est sans doute lors de cette période que Gaston Cauzan, blessé à deux reprises, rejoignit le 3ème R.I.C.
Après un séjour dans l'Aisne et dans l'Oise, le 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale revint encore à Ville-sur-Tourbe le 15 août 1915 afin de prendre part à la grande offensive de Champagne qui débuta le 25 septembre 1915. Ce jour-là le régiment attaqua les lignes allemandes vers l'ouvrage Pruneau et la cote 191 situés à la sortie de Ville-sur-Tourbe. Ses pertes furent énormes et parmi les victimes on comptait Gaston Cauzan.
Sa citation posthume à l'ordre de l'Armée résume sa bravoure:
"CAUZAN (Gaston), lieutenant au 3è colonial:
Parti pour le front avec le 33è colonial, a été évacué après avoir reçu deux blessures graves. A rejoint, sur sa demande, le 25 mai 1915, à peine guéri. A pris le commandement d'une compagnie et a toujours été pour tous un exemple d'énergie et de bravoure. S'est particulièrement distingué, le 25 septembre 1915, en entraînant sa compagnie à l'assaut des tranchées ennemies. Tué en arrivant sur les lignes allemandes".
Cette citation fut aussi publiée dans le J.O. du 30 mars 1916 (48ème année, n° 89, page 2535) avec toutes les autres citations à l'ordre de l'armée.
Sa famille organisa un hommage posthume en faisant retoucher ses photographies, avec l'ajout du grade de lieutenant et de la croix de guerre avec trois citations (deux étoiles et une palme).
Plus tard, sa mort fut signalée au Journal de la Meurthe et des Vosges du 20 septembre 1916 (page 2), puis au Bulletin de Meurthe-et Moselle n° 105 du 24 septembre 1916, page 3 dans la rubrique "Nos morts glorieux" : "Cauzan (Gaston-Marie-Pierre), de Lunéville, lieutenant au 3è d'infanterie coloniale, mort au champ d'honneur à l'âge de 34 ans". Le même jour, l'annonce de son décès était publiée dans l'Est Républicain, en page 2.
Son portrait ainsi que sa citation furent aussi publiés dans le Tableau d'Honneur de l'Illustration du 21 octobre 1916 (planche 299):
Sa famille récupéra son corps après la guerre et l'Est Républicain du vendredi 12 novembre 1920 annonça son enterrement en page 3:
On notera que Gaston Cauzan avait la croix de guerre avec trois citations, la médaille coloniale, comme nous l'avions vu plus haut, mais aussi la légion d'honneur à titre posthume (mais son dossier ne figure pas dans le fichier Leonore qui recense normalement tous les récipiendaires...). Cette légion d'honneur lui avait été conférée par un décret présidentiel du 17 avril 1920 (publié au J.O. du 20 juin 1920, 52ème année, n° 167, page 8754, où Gaston Cauzan est mentionné comme lieutenant au 33ème R.I.C., comme dans le J.O. du 23 juin 1920, 52ème année, n° 170, dans lequel la liste est reprise, page 8891).
Sa mère s'était remariée avec un officier d'artillerie, le commandant Carlos Joseph Varrasse (1863 - 1931), chevalier de la légion d'honneur, titulaire aussi de la croix de guerre, dont le dossier figure bien dans la base Leonore.
Curieusement, selon l'avis de décès, Gaston Cauzan est censé avoir été tué à Beauséjour, en Champagne, position prise par son unité avant septembre 1915...
Le nom de Gaston Cauzan figure sur le monument aux mort de Lunéville avec la mention "Mort pour la France" ainsi que sur la plaque commémorative du lycée Bichat. Ainsi la mémoire de ce courageux lieutenant ne s'effacera pas et on pourra consulter ses photos sur ce site.
Maéva AMBUHL, Juliette ARNAUTOU, Saïda ATSOU, Julie BARTHET, Thomas BINET, Gabriel COULOMBE, Margaux DE MATTEIS, Lila DUBOIS, Maé GREEN-STEFANI, Emilie HENRIOT, Mina IOOS, Manon JOB, Lorraine MARECHAL, Mélissa MICHEL, Clara QUEVAL, Eva THOMAS, Lucie VERON.
Classe de Seconde 11 groupe 1 AP.
Consultation des sites:
- Kiosque Lorrain avec les publications du décès de Gaston Cauzan dans les journaux cités plus haut.
- Base Leonore (Fontainebleau) avec les dossiers des récipiendaires de la Légion d'Honneur.
- Gallica (Bibliothèque Nationale de France) avec la collection du Journal Officiel de la République Française.
Que dire alors de Paul René Gaire ?
Paul René Gaire est né le 12 novembre 1896 à Nonhigny, en Meurthe-et-Moselle, dans le canton de Blâmont. Il était le fils de Jean-Baptiste Gaire et de Marie Courtois. En 1916, lorsqu'il fut appelé à l'armée, il était normalien, c'est-à-dire élève instituteur à Nancy, et sa fiche note un niveau d'instruction élevé (niveau 4). Il avait les cheveux bruns, les yeux gris et mesurait 1 m 73.
Il servit comme aspirant (élève officier) au sein du 3ème Bataillon de Chasseurs à Pied, une formation d'élite composée d'hommes combatifs.
Très vite, quatre citations viennent récompenser sa bravoure. Une citation est un texte élogieux reconnaissant officiellement une action d'éclat, avec attribution de la croix de guerre; une étoile nouvelle (en bronze ou en argent) devant être accrochée au ruban à chaque nouvelle citation:
Cette première citation a été accordée le 16 juin 1916 par le chef de bataillon Texier (puis retranscrite sur le diplôme le 6 novembre 1918), alors que l'unité se trouvait en Champagne dans le secteur de Tahure:
"Aspirant de la classe 1916. A commandé sur sa demande, chaque nuit, du 9 au 13 juin 1916, une patrouille envoyée pour reconnaître les défenses accessoires et les petits postes ennemis et a recueilli des renseignements intéressants".
La seconde (à l'ordre de la brigade) fut donnée le 16 septembre 1916 par le général Guillemot:
"Aspirant de la classe 1916. Déjà cité à l'Ordre. Dans les combats des 4, 5, 6 septembre 1916 a entraîné sa section à l'assaut avec un calme imperturbable".
A cette date, le 3ème B.C.P. se trouvait dans la Somme, dans le secteur de Soyécourt - Vermandovillers.
La troisième (à l'ordre de la division) est une citation collective du 30 juin 1918, décernée au 1er peloton de la 2ème compagnie de mitrailleuses du 3ème B.C.P., sous le commandement du sous-lieutenant Paul René Gaire. Cette citation est notée sur un grand diplôme coloré, décoré de la croix de guerre avec étoile d'argent, et signé par le général Bernard commandant la 170ème Division d'Infanterie:
"Le 30 mai 1918, le premier peloton de mitrailleuses, sous les ordres du sous-lieutenant Gaire, étant en 1ère ligne, sans aucun soutien, enraya la progression de l'ennemi, lui infligeant de lourdes pertes. N'ayant plus de munitions, est allé se ravitailler à un dépôt qui se trouvait en avant de la 1ère ligne.
Durant les journées des 31 mai, 1er et 2 juin, fit preuve d'une bravoure et d'une ténacité sans pareilles, repoussant de nombreuses attaques ennemies, souvent sans le secours de l'artillerie, et malgré un feu ennemi très violent dirigé sur ses positions".
Cette citation montre que Paul Gaire était à la tête de mitrailleurs lors des combats qui se déroulèrent dans l'Aisne (Arcy-Sainte-Restitue).
La quatrième (à l'ordre de la brigade) est du 6 novembre 1918:
"Mitrailleur d'élite, ayant un grand ascendant sur sa troupe à laquelle il a su communiquer son esprit combatif remarquable. Le 1er octobre 1918, à la tranchée d'Essen (Somme-Py), une section de sa compagnie s'est couverte de gloire. Les jours suivants, le lieutenant Gaire s'est signalé par son esprit de décision et la sûreté de son jugement dans l'organisation de son service au combat".
A cette date, Paul Gaire était devenu lieutenant et avait pris part à la bataille de Somme-Py (aujourd'hui Sommepy - Tahure) dans la Marne, un village puissamment fortifié par les Allemands. Selon le site généalogique de Blâmont, il était bien lieutenant chez les chasseurs à pied en 1919, date à laquelle il fut probablement démobilisé tout en restant officier de réserve.
Il vécut alors à Cirey-sur-Vezouze, en Meurthe-et-Moselle où il fut instituteur, non loin de son village natal. Son courage durant la guerre lui valut l'attribution de la légion d'honneur, avec le grade de chevalier, le 16 mars 1921, avec attribution d'une pension annuelle de 250 francs en 1922 (qui passa à 750 francs en 1950). Il se maria aussi avec une nommée Juliette.
Paul René Gaire fut mobilisé de nouveau en septembre 1939 lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclata. Il était lieutenant dans un régiment d'infanterie qui participa à la "Drôle de Guerre", jusqu'en mai 1940, attendant les Allemands sans rien faire. Des photos montrent les soldats français au repos ou en train de distribuer du vin...
Paul Gaire fut capturé en juin 1940 et fut envoyé dans un camp d'officiers, l'OFLAG VI D, à Münster en Allemagne. Il écrivit une carte à sa femme Juliette, qui vivait alors à Parux, qui le montre avec ses camarades de captivité..
En tant qu'ancien soldat de 14-18, il fut libéré rapidement et rentra chez lui dès mai 1941. Il continua alors son métier d'instituteur à Cirey-sur-Vezouze. Il fut libéré de toute obligation militaire le 12 novembre 1946. En 1964, il habitait Fleurey-lès-Faverney en Haute-Saône. Un rapport de la gendarmerie, adressé à la grande chancellerie de la légion d'honneur, signale son décès survenu le 13 avril 1971 à Vesoul (Haute-Saône).
Paul Gaire, comme de nombreux Français de l'époque, fut donc mobilisé lors des deux guerres mondiales et il eut une double carrière d'instituteur et d'officier.
Tony CALIGARA, Maëva PENNEQUIN, Lisa PERNOT, Evaëlle PIMENTA, Cybel ROCHA ALVES, Lymné ROPINSKI, Kévin ROYER, Louise SALZARD, Léna SCHRAM, Frédérique SIERZCHULA, Robin SMOUTS, Sarah TERRAGNI, Laura THIEBAUT, Madison THIESSELIN, Adeline VAUCLAIRE, Enora VICHARD, Marine ZEIMET.
Classe de Seconde 11 groupe 2 AP.
Notre série de portraits de soldats du Grand Est durant la Guerre de 1914 - 1918 se poursuivra prochainement avec le carnet de guerre du caporal Jean Hacquard, du 120ème régiment d'infanterie, mis en ligne le 27 juin 2018, et avec la biographie du capitaine Gabriel Edmond Dehaye, du 69ème régiment d'infanterie, plus d'autres encore !
Le 33ème Régiment d'Infanterie Coloniale avait bien lancé une attaque dans les environs de Souain et de la Ferme de Navarin le 25 septembre 1915, mais comme l'indique la citation de Gaston Cauzan, ce dernier, bien que parti au front avec le 33 ème R.I.C. en octobre 1914, faisait partie du 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale en septembre 1915.
Ouvrages consultés sur le site Gallica:
- Historique du 3è Régiment d'Infanterie Coloniale pendant la guerre 1914 - 1919, Rochefort-sur-Mer, Imprimerie Norbertine, 1920, dans lequel Gaston Cauzan est mentionné pages 24 (sa mort près de Ville-sur-Tourbe) et 119 (sa citation posthume).
- Historique du 33è Régiment d'Infanterie Coloniale pendant la guerre 1914 - 1919, Rochefort-sur-Mer, Imprimerie Norbertine, 1920. Ce régiment combattit en Champagne dans les secteurs de Virginy, Minaucourt et Massiges, avant d'attaquer dans le secteur de Souain et Sommepy le 25 septembre 1915.
Qui était donc Gaston Cauzan ?
Un Lunévillois dans l'infanterie coloniale
Gaston Cauzan était un militaire de carrière, né le 5 juillet 1881 à Lunéville en Meurthe-et-Moselle. Il était le fils de Marius Etienne Cauzan, adjoint principal du Génie (1846 - 1894, et donc déjà décédé en 1901 lors de l'incorporation de son fils) et d'Elisabeth Simonin (1857 - 1937).
Il fut élève au lycée Bichat de Lunéville comme l'indique la plaque commémorative en l'honneur des anciens lycéens morts en 1914 - 1918. Il décida de s'engager dans l'armée en 1901 alors qu'il était étudiant, la fiche indiquant un engagement de 4 ans au sein du 79ème Régiment d'Infanterie. Il était grand pour l'époque: 1 m 81.
En fait, Gaston Cauzan rejoignit l'infanterie coloniale comme le montrent les photos les plus anciennes.
Gaston Cauzan en août 1902, en tenue blanche et gradé. |
En octobre 1903, il partit de France pour rejoindre le 1er Régiment de Tirailleurs Sénégalais dont le dépôt principal se trouvait à Saint-Louis du Sénégal. Il se fit alors photographier à Nancy.
On retrouve Gaston Cauzan quelques années plus tard à Madagascar, à Sakaramy, dans la pointe nord de l'île, non loin d'Antsiranana, une ville portuaire connue aussi sous le nom de Diego - Suarez, et qui était une grande base militaire. Les photos, datées de 1910-1911, le montrent en uniforme de toile blanche, avec le casque colonial, avec des camarades et des soldats "indigènes" au garde-à-vous, dans un casernement composé de baraques en bois style "mobile home" séparées par une pelouse très soignée. Il monte à cheval, rencontre des civils, bref, la vie de l'époque aux colonies ! Il est alors sous-lieutenant.
Gaston Cauzan posant fièrement avec son casque colonial. |
Gaston Cauzan avec son uniforme colonial en toile légère. |
Gaston Cauzan, à droite, avec des camarades à Sakaramy en février 1911. |
C'est une photo stéréoscopique (afin de donner un effet 3 D en la regardant avec des lunettes spéciales) prise le 20 novembre 1910 à Sakaramy avant le départ pour la promenade. |
Gaston Cauzan à cheval (photo simple, identique à la précédente). |
Gaston Cauzan avec un civil à Sakaramy le 29 janvier 1911. |
Ce sont des informations administratives, données par le Journal Officiel de la République Française, qui permettent de retracer son parcours militaire (nous n'avons pas eu l'occasion de consulter son dossier militaire au Service Historique de la Défense à Vincennes).
- Le J.O. du 6 décembre 1905 (37ème année, n° 331, page 7068) mentionne que Gaston Cauzan, sergent du 21ème régiment colonial, est admissible aux épreuves orales de l'Ecole Militaire d'Infanterie.
- Celui du 17 mars 1911 (43ème année, n° 75, page 2119), présente le tableau d'avancement des sous-officiers pour l'année 1911, fixé le 14 mars. Cauzan, qui était sergent au 3ème régiment de tirailleurs malgaches, est nommé adjudant. Les photos prises à Madagascar concernent donc cette période et le J.O. permet d'identifier le régiment de Gaston Cauzan. Les soldats indigènes en arrière-plan sont donc des tirailleurs malgaches.
- Par décision ministérielle du 10 juillet 1913 (J.O. du 12 juillet 1913, 45ème année, n° 187, page 6155), Gaston Cauzan fut promu adjudant-chef (promotion confirmée par le J.O. du 15 juillet 1913, 45ème année, n° 190, page 6286).
- Enfin, par décret du 23 janvier 1914 (J.O. du 25 janvier 1914, 46ème année, n° 24, page 683), Gaston Cauzan, qui était toujours adjudant-chef au 3ème régiment de tirailleurs malgaches, fut nommé sous-lieutenant.
Pour ses services dans les colonies, Gaston Cauzan reçut aussi la médaille coloniale.
L'officier de la Grande Guerre
Les photos prises ultérieurement montrent qu'il a rejoint la France et qu'il se trouvait à Lorient en 1914 dans le 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale, dont les soldats étaient surnommés les marsouins. Il se fit photographier en tenue de sous-lieutenant, notamment en octobre 1914 avant son départ pour le front et ses portraits furent retouchés plus tard, après sa mort, avec l'ajout d'un second galon et de la croix de guerre.
Le sous-lieutenant Cauzan avec sa médaille coloniale (photo entière et détail du portrait) |
Le portrait pris le 3 octobre 1914 à Lorient et qui fut ensuite retouché et réutilisé plus tard. |
C'est le 18 octobre 1914 qu'il partit pour le front avec les réservistes du 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale, formant le 33ème Régiment d'Infanterie Coloniale. Des photos le montrent, sabre au côté, grand et un peu voûté, attendant le train à la gare de Lorient avec ses hommes.
La suite de son histoire est donnée par l'historique du régiment. Lorsque Gaston Cauzan et ses hommes rejoignirent le front en octobre 1914, le 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale se trouvait à Ville-sur-Tourbe, dans la Marne, sur le front de Champagne, en contrebas de la Main de Massiges, un plateau découpé ayant la forme d'une main posée à plat, position redoutable tenue par les Allemands. Les soldats y passèrent des mois difficiles, subissant des attaques régulières des Allemands et souffrant des intempéries d'un hiver qui fut dur. Le 24 février 1915, le 3ème R.I.C. quitta Ville-sur-Tourbe et fut chargé de la prise du fortin de Beauséjour qui tomba entre les mains des marsouins après de furieux combats, puis le 3ème R.I.C. revint à Ville-sur-Tourbe où il connut la guerre des mines et de violentes attaques allemandes en avril-mai 1915.
Gaston Cauzan, nommé lieutenant le 2 mars 1915 (J.O. du 4 mars 1915, 47ème année, n° 62, page 1130 où il est mentionné comme sous-lieutenant au 33ème R.I.C.), fut gravement blessé deux fois lors de cette période et il demanda néanmoins à rejoindre son régiment le 25 mai 1915. Il reçut aussi la croix de guerre avec deux citations (la troisième, à l'ordre de l'armée, étant une citation posthume).
Nous n'avons pas pu déterminer la date exacte de son passage du 33ème R.I.C. (où il semble encore servir en mars 1915) au 3ème R.I.C., son unité d'origine. Gaston Cauzan participa donc à des combats au sein du 33ème R.I.C. qui se trouvait aussi à la Main de Massiges d'octobre 1914 à janvier 1915 avant de partir pour l'Argonne (secteurs de la Chalade et de Bolante) où il resta jusqu'en avril 1915. C'est sans doute lors de cette période que Gaston Cauzan, blessé à deux reprises, rejoignit le 3ème R.I.C.
Après un séjour dans l'Aisne et dans l'Oise, le 3ème Régiment d'Infanterie Coloniale revint encore à Ville-sur-Tourbe le 15 août 1915 afin de prendre part à la grande offensive de Champagne qui débuta le 25 septembre 1915. Ce jour-là le régiment attaqua les lignes allemandes vers l'ouvrage Pruneau et la cote 191 situés à la sortie de Ville-sur-Tourbe. Ses pertes furent énormes et parmi les victimes on comptait Gaston Cauzan.
Sa citation posthume à l'ordre de l'Armée résume sa bravoure:
"CAUZAN (Gaston), lieutenant au 3è colonial:
Parti pour le front avec le 33è colonial, a été évacué après avoir reçu deux blessures graves. A rejoint, sur sa demande, le 25 mai 1915, à peine guéri. A pris le commandement d'une compagnie et a toujours été pour tous un exemple d'énergie et de bravoure. S'est particulièrement distingué, le 25 septembre 1915, en entraînant sa compagnie à l'assaut des tranchées ennemies. Tué en arrivant sur les lignes allemandes".
Cette citation fut aussi publiée dans le J.O. du 30 mars 1916 (48ème année, n° 89, page 2535) avec toutes les autres citations à l'ordre de l'armée.
L'hommage posthume
Sa famille organisa un hommage posthume en faisant retoucher ses photographies, avec l'ajout du grade de lieutenant et de la croix de guerre avec trois citations (deux étoiles et une palme).
Plus tard, sa mort fut signalée au Journal de la Meurthe et des Vosges du 20 septembre 1916 (page 2), puis au Bulletin de Meurthe-et Moselle n° 105 du 24 septembre 1916, page 3 dans la rubrique "Nos morts glorieux" : "Cauzan (Gaston-Marie-Pierre), de Lunéville, lieutenant au 3è d'infanterie coloniale, mort au champ d'honneur à l'âge de 34 ans". Le même jour, l'annonce de son décès était publiée dans l'Est Républicain, en page 2.
Son portrait ainsi que sa citation furent aussi publiés dans le Tableau d'Honneur de l'Illustration du 21 octobre 1916 (planche 299):
Sa famille récupéra son corps après la guerre et l'Est Républicain du vendredi 12 novembre 1920 annonça son enterrement en page 3:
On notera que Gaston Cauzan avait la croix de guerre avec trois citations, la médaille coloniale, comme nous l'avions vu plus haut, mais aussi la légion d'honneur à titre posthume (mais son dossier ne figure pas dans le fichier Leonore qui recense normalement tous les récipiendaires...). Cette légion d'honneur lui avait été conférée par un décret présidentiel du 17 avril 1920 (publié au J.O. du 20 juin 1920, 52ème année, n° 167, page 8754, où Gaston Cauzan est mentionné comme lieutenant au 33ème R.I.C., comme dans le J.O. du 23 juin 1920, 52ème année, n° 170, dans lequel la liste est reprise, page 8891).
Sa mère s'était remariée avec un officier d'artillerie, le commandant Carlos Joseph Varrasse (1863 - 1931), chevalier de la légion d'honneur, titulaire aussi de la croix de guerre, dont le dossier figure bien dans la base Leonore.
Curieusement, selon l'avis de décès, Gaston Cauzan est censé avoir été tué à Beauséjour, en Champagne, position prise par son unité avant septembre 1915...
Le nom de Gaston Cauzan figure sur le monument aux mort de Lunéville avec la mention "Mort pour la France" ainsi que sur la plaque commémorative du lycée Bichat. Ainsi la mémoire de ce courageux lieutenant ne s'effacera pas et on pourra consulter ses photos sur ce site.
Maéva AMBUHL, Juliette ARNAUTOU, Saïda ATSOU, Julie BARTHET, Thomas BINET, Gabriel COULOMBE, Margaux DE MATTEIS, Lila DUBOIS, Maé GREEN-STEFANI, Emilie HENRIOT, Mina IOOS, Manon JOB, Lorraine MARECHAL, Mélissa MICHEL, Clara QUEVAL, Eva THOMAS, Lucie VERON.
Classe de Seconde 11 groupe 1 AP.
Consultation des sites:
- Kiosque Lorrain avec les publications du décès de Gaston Cauzan dans les journaux cités plus haut.
- Base Leonore (Fontainebleau) avec les dossiers des récipiendaires de la Légion d'Honneur.
- Gallica (Bibliothèque Nationale de France) avec la collection du Journal Officiel de la République Française.
PAUL GAIRE, UN INSTITUTEUR DANS LES DEUX GUERRES MONDIALES
1896 - 1971
Paul René Gaire, aspirant au 3ème BCP, en 1916. |
L'histoire de Paul René Gaire est relatée par quelques photos et des citations reçues lors de la Première Guerre Mondiale mais ces documents donnent peu d'informations précises sur lui, sauf son année de naissance, 1896, car il était de la classe 1916 et son régiment, le 3ème Bataillon de Chasseurs à Pied (B.C.P.). A partir de ces maigres données, il fallait essayer de trouver d'autres sources :
- Il fallait mettre de côté des renseignements venant du site Mémoire des Hommes et concernant un homonyme, né aussi en 1896, mort en 1916 dans la Somme et enterré au cimetière de Rancourt - Bouchavesnes, car les documents indiquaient que "notre" Paul René Gaire avait survécu à la Grande Guerre et le numéro du régiment ainsi que le grade ne correspondaient pas.
- Un site de généalogie de Blâmont donne des informations sur lui en tant que chevalier de la légion d'honneur (http://www.blamont.info/textes790.html).
- Le site LEONORE, des archives de Fontainebleau, contient les dossiers des titulaires de la légion d'honneur et on y trouve un Paul René Gaire, instituteur.
- Le SHD (Service Historique de la Défense) fournit un fichier numérique contenant la liste des officiers ayant servi dans l'armée française (le dossier complet étant consultable à Vincennes) et on y trouve aussi le lieutenant Paul René Gaire sur un fichier PDF.
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/SHDGR_REP_8YE_F-N.pdf
- Le site www.chtimiste.com indique les lieux où ont combattu les régiments de l'armée française en 14-18 et il a été facile de retrouver le 3ème B.C.P.
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/sites/default/files/SHDGR_REP_8YE_F-N.pdf
- Le site www.chtimiste.com indique les lieux où ont combattu les régiments de l'armée française en 14-18 et il a été facile de retrouver le 3ème B.C.P.
- Le registre matricule du bureau de Nancy-Toul mentionne pour l'année 1916 un Paul René Gaire, né le 12 novembre 1896 et originaire du canton de Blâmont, avec une fiche personnelle n° 1532 fournissant des informations précieuses.
Que dire alors de Paul René Gaire ?
Un officier d'élite en 1916-1918
Paul René Gaire est né le 12 novembre 1896 à Nonhigny, en Meurthe-et-Moselle, dans le canton de Blâmont. Il était le fils de Jean-Baptiste Gaire et de Marie Courtois. En 1916, lorsqu'il fut appelé à l'armée, il était normalien, c'est-à-dire élève instituteur à Nancy, et sa fiche note un niveau d'instruction élevé (niveau 4). Il avait les cheveux bruns, les yeux gris et mesurait 1 m 73.
Il servit comme aspirant (élève officier) au sein du 3ème Bataillon de Chasseurs à Pied, une formation d'élite composée d'hommes combatifs.
Paul Gaire avec des chats, seule photo conservée de la Grande Guerre en plus du portrait. |
Très vite, quatre citations viennent récompenser sa bravoure. Une citation est un texte élogieux reconnaissant officiellement une action d'éclat, avec attribution de la croix de guerre; une étoile nouvelle (en bronze ou en argent) devant être accrochée au ruban à chaque nouvelle citation:
"Aspirant de la classe 1916. A commandé sur sa demande, chaque nuit, du 9 au 13 juin 1916, une patrouille envoyée pour reconnaître les défenses accessoires et les petits postes ennemis et a recueilli des renseignements intéressants".
La seconde (à l'ordre de la brigade) fut donnée le 16 septembre 1916 par le général Guillemot:
"Aspirant de la classe 1916. Déjà cité à l'Ordre. Dans les combats des 4, 5, 6 septembre 1916 a entraîné sa section à l'assaut avec un calme imperturbable".
A cette date, le 3ème B.C.P. se trouvait dans la Somme, dans le secteur de Soyécourt - Vermandovillers.
La troisième (à l'ordre de la division) est une citation collective du 30 juin 1918, décernée au 1er peloton de la 2ème compagnie de mitrailleuses du 3ème B.C.P., sous le commandement du sous-lieutenant Paul René Gaire. Cette citation est notée sur un grand diplôme coloré, décoré de la croix de guerre avec étoile d'argent, et signé par le général Bernard commandant la 170ème Division d'Infanterie:
"Le 30 mai 1918, le premier peloton de mitrailleuses, sous les ordres du sous-lieutenant Gaire, étant en 1ère ligne, sans aucun soutien, enraya la progression de l'ennemi, lui infligeant de lourdes pertes. N'ayant plus de munitions, est allé se ravitailler à un dépôt qui se trouvait en avant de la 1ère ligne.
Durant les journées des 31 mai, 1er et 2 juin, fit preuve d'une bravoure et d'une ténacité sans pareilles, repoussant de nombreuses attaques ennemies, souvent sans le secours de l'artillerie, et malgré un feu ennemi très violent dirigé sur ses positions".
Cette citation montre que Paul Gaire était à la tête de mitrailleurs lors des combats qui se déroulèrent dans l'Aisne (Arcy-Sainte-Restitue).
La quatrième (à l'ordre de la brigade) est du 6 novembre 1918:
"Mitrailleur d'élite, ayant un grand ascendant sur sa troupe à laquelle il a su communiquer son esprit combatif remarquable. Le 1er octobre 1918, à la tranchée d'Essen (Somme-Py), une section de sa compagnie s'est couverte de gloire. Les jours suivants, le lieutenant Gaire s'est signalé par son esprit de décision et la sûreté de son jugement dans l'organisation de son service au combat".
A cette date, Paul Gaire était devenu lieutenant et avait pris part à la bataille de Somme-Py (aujourd'hui Sommepy - Tahure) dans la Marne, un village puissamment fortifié par les Allemands. Selon le site généalogique de Blâmont, il était bien lieutenant chez les chasseurs à pied en 1919, date à laquelle il fut probablement démobilisé tout en restant officier de réserve.
Carte du nord-est de la France avec Nonhigny (ovale vert) et les 4 combats pour lesquels Paul René Gaire fut cité (triangles rouges). |
Il vécut alors à Cirey-sur-Vezouze, en Meurthe-et-Moselle où il fut instituteur, non loin de son village natal. Son courage durant la guerre lui valut l'attribution de la légion d'honneur, avec le grade de chevalier, le 16 mars 1921, avec attribution d'une pension annuelle de 250 francs en 1922 (qui passa à 750 francs en 1950). Il se maria aussi avec une nommée Juliette.
Source: fichier LEONORE (Fontainebleau). |
Le prisonnier de guerre (1940-1941)
Paul René Gaire fut mobilisé de nouveau en septembre 1939 lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclata. Il était lieutenant dans un régiment d'infanterie qui participa à la "Drôle de Guerre", jusqu'en mai 1940, attendant les Allemands sans rien faire. Des photos montrent les soldats français au repos ou en train de distribuer du vin...
Paul Gaire fut capturé en juin 1940 et fut envoyé dans un camp d'officiers, l'OFLAG VI D, à Münster en Allemagne. Il écrivit une carte à sa femme Juliette, qui vivait alors à Parux, qui le montre avec ses camarades de captivité..
Un baraquement de l'OFLAG VI D de Münster |
En tant qu'ancien soldat de 14-18, il fut libéré rapidement et rentra chez lui dès mai 1941. Il continua alors son métier d'instituteur à Cirey-sur-Vezouze. Il fut libéré de toute obligation militaire le 12 novembre 1946. En 1964, il habitait Fleurey-lès-Faverney en Haute-Saône. Un rapport de la gendarmerie, adressé à la grande chancellerie de la légion d'honneur, signale son décès survenu le 13 avril 1971 à Vesoul (Haute-Saône).
Source: fichier LEONORE (Fontainebleau). |
Paul Gaire, comme de nombreux Français de l'époque, fut donc mobilisé lors des deux guerres mondiales et il eut une double carrière d'instituteur et d'officier.
Tony CALIGARA, Maëva PENNEQUIN, Lisa PERNOT, Evaëlle PIMENTA, Cybel ROCHA ALVES, Lymné ROPINSKI, Kévin ROYER, Louise SALZARD, Léna SCHRAM, Frédérique SIERZCHULA, Robin SMOUTS, Sarah TERRAGNI, Laura THIEBAUT, Madison THIESSELIN, Adeline VAUCLAIRE, Enora VICHARD, Marine ZEIMET.
Classe de Seconde 11 groupe 2 AP.
La suite est à venir !
Le capitaine Gabriel Edmond Dehaye, 69ème R.I., qui habitait Nancy. |
Notre série de portraits de soldats du Grand Est durant la Guerre de 1914 - 1918 se poursuivra prochainement avec le carnet de guerre du caporal Jean Hacquard, du 120ème régiment d'infanterie, mis en ligne le 27 juin 2018, et avec la biographie du capitaine Gabriel Edmond Dehaye, du 69ème régiment d'infanterie, plus d'autres encore !