Les élèves de la Première S 01 et d'autres de la Seconde 03 ont choisi une série d'objets représentatifs de la Grande Guerre proposés par leur professeur d'histoire. Ils les ont commentés avec un souci d'analyse, tout en réfléchissant, avec leur sensibilité d'élèves du 21ème siècle sur leur signification. En tout, 15 objets sont présentés ici. Ultérieurement, d'autres objets viendront enrichir cette galerie.
N°1: La photo-souvenir du soldat.
A- La photo individuelle
A- La photo individuelle
Recto de la carte avec l'adjudant Charles Linder du 44ème RIT. |
Verso de la carte avec les mots de Charles Linder et de sa soeur. |
Nous avons ici une photographie de Charles Linder, un soldat français de la Grande Guerre. La photo-carte a été prise le 12 mai 1915 et au verso on trouve une petite dédicace du soldat à sa famille:
"A ma soeur, à mon frère
Bons souvenirs
Campagne 1914 - 1915
Le 12 - 5 - 1915
Ch. LINDER"
Sa soeur a rajouté un autre mot près de cette dédicace:
" Souvenir de mon frère chéri: Charles Linder fils "
Nous pouvons voir que ce soldat porte un uniforme de transition brun en velours, avec un képi de toile imperméable, courant au début de 1915 avant l'introduction du bleu-horizon. Actuellement, ce type d'uniforme est très rare et coûte une fortune car il a été changé et remplacé par un autre type d'uniforme peu après.
Nous pouvons aussi constater que la photo a été prise dans un studio car le soldat pose dans un décor et nous pouvons voir un tapis au sol et un paysage champêtre peint sur toile.
Cette photographie a été prise dans le but d'être envoyée à la famille et de servir de souvenir de la personne de Charles Linder et aussi de souvenir de la guerre, à laquelle le soldat heureusement survivra. D'autres cartes nous informent que Charles Linder était originaire de Taillancourt, village situé au sud de Vaucouleurs, dans la Meuse. Il était adjudant, donc un sous-officier, dans le 44ème Régiment d'Infanterie Territoriale, unité célèbre car André Maginot, le futur ministre de la Guerre, y servit et fut blessé près de Verdun.
Charles Linder, comme l'indique une autre carte postale, fut chef de groupe à la gare de Vaucouleurs en 1915. Il survécut à la guerre et participa ensuite à la reconstruction de Verdun en 1920.
Ce soldat a donc voulu laisser une trace de lui, un portrait que sa famille garderait et qui fut conservé par sa soeur. Ce portrait, dans un cadre bucolique qui contraste avec les paysages dévastés de 14 - 18, permet de conserver son aspect physique et son implication dans la guerre en tant que soldat.
Sarah KARPUZ (PS - 01)
Annexe.
Grâce au site le Grand Mémorial, il a été possible de retrouver la fiche du registre matricule de la classe 1893 dans les archives départementales de la Meuse. On y découvre de nombreux détails sur Charles Linder, né le 23 mars 1873 à Ars-sur-Moselle, quincaillier, vivant à Taillancourt en 1914 (après un passage en Russie à Tsaritsyne / Volgograd en 1901), engagé volontaire en 1891, sous-officier au 146ème RI avant 1914, puis adjudant au 44ème RIT, qui fut hospitalisé de mai à août 1918.
B- Une photo d'un groupe de soldats.
Sur
cette photographie, une photo-carte écrite à Vincennes le 26 décembre 1914, nous apercevons 9 hommes qui sont visiblement des soldats. Ils
portent 2 types d'uniformes différents: l'ancien ( rouge et bleu avec des boutons à droite et
à gauche ) et le nouveau (bleu horizon, au centre ).
Au
centre, se distinguant par leurs 3 bandes sur les manches de leurs uniformes, nous
reconnaissons 3 capitaines, ceux avec 2 bandes sont des lieutenants et les 3
personnes portant l'ancien uniforme sont de simples soldats.
Certains
sont médaillés avec la légion d'honneur, les palmes académiques ou la médaille
coloniale.
Ces
soldats, qui portent tous la moustache ou la barbe, se trouvent devant le château
de Vincennes où il est écrit ''Artillerie de la Place'', on peut donc supposer
que des armes y étaient stockées.
Sur le verso de cette carte, adressée à son oncle et à sa tante qui habitaient Cormeilles-en-Parisis, Henri Nonclercq, fourrier au 26ème Bataillon de Chasseurs à Pied (probablement le soldat qui est le premier à droite de la photo, avec l'uniforme bleu et rouge, car on remarque une barrette inclinée sur son bras, marque de la fonction de fourrier) souhaite une bonne année à ses proches et déclare qu'il n'a pas à se plaindre de "cette affreuse guerre": pour l'instant, il est resté à Vincennes, à l'écart, avec ses camarades "favorisés par certaines circonstances".
En plus de la présentation des différents uniformes de l'armée française en décembre 1914, cette carte montre que des soldats jugeaient déjà la Grande Guerre comme "affreuse" et qu'ils étaient contents de ne pas la faire...
Robert MATHIEU et Jules SANZEY (PS-01)
N°2: Les marraines de guerre.
Il s'agit d'une correspondance entre un soldat de la guerre
14-18 et une marraine de guerre qui habitait en Algérie. Une institution des
marraines de guerre est créée, en janvier 1915, afin de soutenir le moral des
soldats originaires les régions occupées ou sans famille. D'inspiration catholique, les journaux
mettaient en contact des jeunes femmes désireuses de devenir marraines, et des
soldats. Bientôt, la marraine est devenue une jeune femme séductrice. Les
petites annonces passent de journaux sérieux à des journaux frivoles. La bonne
société s'offusque et leur nombre dégringole en 1916. Cependant, des mariages
seront organisés entre certains soldats et leurs marraines.
Notre document, une lettre, atteste d'une correspondance entre le lieutenant Noël, appartenant au quatorzième bataillon, quatrième compagnie des chasseurs alpins et une marraine de guerre. Pourtant, nous ne connaissons que son prénom et son adresse, son nom de famille ayant été arraché. Elle se prénommait Jeanne et habitait à Fort de l'Eau, dans le département d'Alger, en Algérie française. Cette lettre date du 9 janvier 1917 et a été expédiée le 12. Nous savons également que le lieutenant Noël, qu'elle appelle "Mély", se situait dans le secteur postal 192. En effet, les adresses exactes du front ne pouvaient pas être données en temps de guerre.
Jeanne, la marraine de guerre, regrette de ne pas avoir pu rencontrer son filleul lors de sa permission car elle n'était pas à son domicile et souffrait de maux de tête violents. Elle raconte sa vie et elle encourage le lieutenant Noël à poursuivre courageusement la guerre, qu'elle qualifie de "maudite" et espère le voir un autre jour, tout en le plaignant pour les conditions de combat qui lui semblent bien dures. Le vocabulaire est assez ambigu, laissant penser à des sentiments amoureux dissimulés car elle évoque son affection, son amour.
Emma VENNIN et Chloé MANGEOT (PS-01)
N°3: Un coupe-papier, souvenir de la Somme.
Voici un coupe-papier fabriqué à partir d'une ceinture
d'obus (en cuivre) qui a été arrachée par l'explosion puis retravaillée en majeure partie. Le
manche de celui ci n'a été retravaillé que d'un côté, sur lequel nous
apercevons une surface lisse sur laquelle est gravée « Souvenir de la Somme
1916-1917 ». De l'autre côté du manche nous apercevons de grosses rayures parallèles entre elles; elles ont été marquées dans le métal par la
« propulsion » de l'obus dans le canon qui était rayé afin de faire tourner l'obus sur lui-même. L'autre partie du coupe
papier à été travaillée et aplatie et s'accompagne de jolis motifs fleuris que le soldat faisait pendant ses temps libres.
Après la bataille, il qualifie ses combats dans la Somme comme un "souvenir" et a gardé, tout au long de sa vie, ce coupe papier avec lui.
Apolline BORGEAUD (PS-01)
N°4: Les douilles d'obus gravées.
A- Les douilles gravées comme cadeaux.
Ce sont
des douilles d'obus. Celles-ci ont été offertes en guise de souvenirs et de cadeaux; on peut voir que
des dessins faits à la main ont été gravés. C'est de l'artisanat de tranchées.
Cela permettait également à l’artiste d'exprimer son expérience de la guerre en
y ajoutant une touche personnelle. De plus, cela permettait aux soldats de se
distraire.
Pendant et après la Première Guerre Mondiale, ce genre de cadeaux était très convoité par les civils et nous
supposons que c'est pour rendre hommage aux victimes de la guerre des
tranchées, et découvrir la réalité de cette guerre, qu'ils ne connaissaient pas
comme ils étaient à l'arrière.
Ces douilles, venant d'obus de 75 de campagne fabriqués en 1916, sont destinées, comme le montre l'inscription, à Monsieur et Madame Grosse,
en effet, en haut de l'une des douilles, nous constatons que leurs noms sont inscrits,
et en dessous, l'artiste a inscrit leurs initiales (AG et YG) sur un blason. De plus, les
drapeaux d'Angleterre (red ensign) et de France sont croisés dans la partie inférieure de chaque douille pour signifier
l'alliance entre les deux pays. Il y a aussi une date : 1914-17.
En haut
de l'autre douille, J. LEBRETON, le donateur, a signé de son nom et a ajouté son régiment: le 211ème régiment d'artillerie. Il y a donc une véritable histoire racontée par ces deux douilles: "Offert de J. Lebreton 211èm Art(ille)rie / A Mrs et Mme Grosse 1914 - 17" - "AG" et "YG".
B- La douille souvenir personnel de la guerre.
L'autre douille est décorée
de manière à raconter son histoire et son rôle dans la guerre. En effet, un
chardon nous indique que le soldat se battait en Lorraine, à Verdun, de 1914 à 1919 comme l'indique l'inscription. En
effet, il les a gravés dans la douille. On observe aussi un soldat : il a un
drapeau à la main, et une canne. Le drapeau représente sa victoire et la canne
peut vouloir dire qu'il est blessé. Le dessin est assez simple et naïf.
Au-dessus de ce dessin, nous observons un as: il représente l'ancienneté,
et la force. Enfin, l'artiste a représenté un cheval (ou une licorne, la
précision du dessin ne permet pas de le définir exactement). Il a également
représenté un cavalier sous la forme d'une petite tête. Nous supposons
donc qu'il avait un rôle en lien avec les chevaux dans la bataille.
La
douille est taillée en forme de vase, en dessous de la partie dessinée, il a
modifié la forme de la douille pour la rendre plus artistique en la creusant.
Enfin, une inscription est notée sur le culot : 75 de Campagne, 1917.
Marion KUBLER et Lara GONZALEZ - GARCIA (PS-01)
N°5: Un encrier particulier.
En observant cet encrier, nous pouvons identifier le soldat qui a fabriqué cet objet, étant donné qu'il a gravé ses initiales (LT) sur le socle en bois de l'objet avec "Campagne 1914 1915". De plus, il a également gravé la période et le lieu où il a trouvé cet obus, près de la ville de Sarrebourg, sur la ligne de front de l'époque:
"Obus tombé dans ma tranchée à Emberménil en septembre 1915"
Sur le socle de l'objet figure également le nom du régiment dans lequel se trouvait le soldat:"71ème ch(asseur) à p(ied)". Enfin, nous pouvons trouver des renseignements sur le calibre de l'obus qui a servi à fabriquer cet encrier: "Fusée de 88". Cependant l'obus n'est pas réellement de calibre 88 mais 90. L'erreur est due à une confusion, une rumeur présente dans les tranchées qui prétendait que les Allemands utilisaient des obus de calibre 88, ce qui est faux étant donné que le calibre 88 a été utilisé seulement en 1939 - 1945; de plus la fusée Dopp ZC/91 était montée sur les obus de 90.
L'encrier est composé d'un socle en bois avec une fente pour
y poser le crayon ou la plume. L'encre est versée dans la fusée d'ogive de
l'obus (de type Dopp ZC/91; ces fusées étaient les plus utilisées pour l'Art des
tranchées), qui a été récupérée dans la tranchée après explosion de l'obus. Le soldat a fait attention de placer une charnière à l'arrière de la fusée pour ouvrir et fermer l'encrier. La tige de mise à feu a été retirée volontairement ou arrachée par l'explosion, et il
s'est servi du pas de vis pour visser le haut de la fusée dans le socle en bois.
Une fusée d'ogive allemande Dopp ZC/91 dans son état d'origine |
Le but de la création de cet
objet était avant tout de garder un souvenir de cette période qui a marqué la
vie de ce soldat et de beaucoup d'autres. Mais nous pouvons trouver une seconde
utilité à cet objet, qui est un moyen de garder sur son bureau l'objet qui
était d'origine destiné à vous tuer. C'est une manière de dire «cela ne m'a pas
tué, je suis encore en vie». C'est une sorte de revanche sur la guerre et ses
horreurs. Enfin, le dernier usage de cet objet est de laisser une trace, de
faire en sorte que le monde n'oublie pas cette guerre qui a marqué tant
d'esprits.
Emma BOULANGER et Anna FALANTIN (PS - 01)
Descriptif en quelques lignes :
Sur le devant du bracelet, constitué d'une plaque ovale et d'une chaîne, il y a le nom et le prénom
du soldat gravés sur la plaque: « RATIVEAU Armand » et la date de la classe, c'est à dire l'année où il a été pris pour le service militaire à 20 ans, ici en 1909.
Sur le derrière du bracelet, il y a le nom du
département, la « Seine » qui représente la ville de Paris, le
numéro du bureau de recrutement : « 4ème bureau » et le numéro
de matricule du soldat qui est ici : « 3552 ».
La plaque est luxueuse car c'est une plaque en argent massif contrairement aux plaques ordinaires faites en maillechort.
Utilité / symbolique de l'objet :
|
C'est une plaque d’identité militaire qui fournit l'identité de celui qui la porte à la guerre et dans le cas de son décès, cela nous permettra d'avoir la certitude de son identification. Ce modèle ovale fut introduit en 1881.
Le soldat possède le
bracelet en double, car lors de sa mort éventuelle, le mort gardera un
exemplaire du bracelet et l'autre sera récupéré par la personne devant
comptabiliser les morts.
Certaines plaques ne comportent qu'un seul trou, dans ce cas la plaque était portée au cou, comme un collier, grâce à un lacet en tissu pour ne pas irriter la peau.
Autres modèles de plaques d'identité
Revers de la plaque de Paul Albert Tellier. |
Plaques de cou ayant appartenu à Joseph Bonneau, classe 1913, matricule 829 du bureau de Nantes. |
Deux bracelets au nom de Nicolas Clerc classe 1898, matricule 1015 au bureau de Langres. Un des bracelet est constitué d'une chaîne de montre... |
Bracelet de Pierre Carrière, classe 1909, Seine, 2ème Bureau, matricule 2394. |
Plaques de cou ayant appartenu à Alfred Hanriot, engagé volontaire (EV) de la classe 1914, matricule LM 362 au bureau de Troyes. |
Sur ces deux photos, nous pouvons remarquer qu'il n'y a qu'un trou ce qui signifie qu'il s'agit d'une plaque de cou. De plus, nous savons que cette plaque à une "jumelle" car il y avait toujours deux plaques au bout de la corde. Cette plaque appartenait à Mr COURTOIS Charles qui à fait ses classes en 1897 au bureau de Versailles. Son numéro de matricule était le 2039.
Cette
plaque a été trouvée dans le petit village français de Rupt-aux-Nonains dans la Meuse. Pendant la guerre ce petit village était un lieu de repos pour les jeune
soldats, où il y avait une cantine dans la rue de la Chalaide. Durant leur
séjour ils s’entraînaient à tirer sur des cibles qui se situaient sur le chemin de
l'Artouse dans le bois de l'autre côté de la Saulx. Des recherches ont été menées
et nous avons retrouvé des impacts de balles dans un trou contre la colline au
bout de la rue de l'Artouse. Nous pensons fortement que cette plaque a été
malencontreusement perdue par le soldat, mon ancêtre.
Détail de la photo montrant les ruines de Bouchavesnes |
Bouchavesnes
est un village qui a complètement été détruit pendant la Grande Guerre. On
distingue sur cette photo le village complètement détruit, comme "fondu", à l'exception d'une
grange et des ruines de l'église qui émergent du chaos. Une tranchée passe à travers le village. On distingue aussi des
cratères d'obus, certains encore fumants, en très grand nombre, formant un paysage lunaire.
La photo a été prise le 27 septembre 1916
à 15 h 30 par le 5ème corps aérien, par un avion volant à 700 m d'altitude. Ce village a été le point ultime de l'avance française durant la bataille de la Somme, ayant été pris le 25 septembre 1916 après des combats furieux. Les Français ont ensuite été bloqués par les Allemands. Le film « Un long dimanche de
fiançailles », de Jean-Pierre Jeunet (2004), se déroule d'ailleurs dans ce petit village. La photo, de qualité, servait sans doute au repérage pour l'artillerie française.
De nos jours le village a été reconstruit
par un Norvégien venant de Bergen, d’où le nom du nouveau village
reconstruit : Bouchavesnes-Bergen.
Robin DOUTE et Quentin GREMILLET (PS-01)
N° 8: Lettres et cartes d'enfants.
Ce sont des cartes et une lettre d'enfants de soldats envoyées, pendant la Grande Guerre, afin de donner des nouvelles d'eux.
Les premières, des cartes postales, ont été envoyées à Léon Sirantoine, de Rupt-en-Woëvre, sergent au 151ème RI, par sa fille Georgette et son fils Raymond, en juin et septembre 1915.
Le second exemple est une lettre contenue dans une enveloppe elle-même mise dans une enveloppe bleue décorée de cigognes et bordée des couleurs tricolores, contenant aussi un ruban rouge et une photo, envoyée depuis Paris par Ghislaine Berthélemy à son père, officier supérieur dans le génie, le 12 novembre 1914.
Nous remarquons que les cartes pour
Léon Sirantoine sont écrites par des enfants venant d'un milieu modeste car la
calligraphie et l'orthographe sont négligés. Alors que la lettre de Ghislaine
Berthélemy est soignée, plus longue, décorée avec une cigogne ou des fleurs . De plus, nous observons que
celle-ci vit bien, elle fait du piano, mange de la dinde, fait du tricot etc... Elle vient d'un
milieu plus aisé et cela est confirmé par la photo. Ghislaine Berthélemy décrit longuement sa vie et ses activités.
Dans tous les cas, les enfants expriment leur amour envers leur père qui leur manque énormément. Les cartes postales sont décorées par une scène montrant aussi l'affection des enfants pour leur père parti à la guerre et à qui on pense beaucoup et dont on espère le retour prochain. Ces cartes postales ont aussi un aspect patriotique marqué. Hélas, Léon Sirantoine ne survivra pas à cette guerre. Il mourut dans la Somme le 7 septembre 1916... Par contre Ghislaine Berthélemy revit son père qui était devenu général dans le Génie, même s'il servit ensuite au sein de l'Armée d'Orient à Salonique.
Dans tous les cas, les enfants expriment leur amour envers leur père qui leur manque énormément. Les cartes postales sont décorées par une scène montrant aussi l'affection des enfants pour leur père parti à la guerre et à qui on pense beaucoup et dont on espère le retour prochain. Ces cartes postales ont aussi un aspect patriotique marqué. Hélas, Léon Sirantoine ne survivra pas à cette guerre. Il mourut dans la Somme le 7 septembre 1916... Par contre Ghislaine Berthélemy revit son père qui était devenu général dans le Génie, même s'il servit ensuite au sein de l'Armée d'Orient à Salonique.
Pendant la
guerre, le seul moyen de communication était les lettres afin de donner et
prendre des nouvelles, envoyer des photos mais aussi divertir le soldat lors de
ses rares repos. Ce sont des objets symboliques de la guerre car cela nous
laisse une trace du quotidien des familles et des soldats.
Emmanuelle LAURENT et Coralie DELARBRE (PS-01)
N°9: Une équipe de football près du front.
Nous pouvons observer une équipe de joueurs de
football sur une photo carte ayant appartenu à un certain René Driant. Selon nos informations, cette équipe aurait été montée durant la
guerre
14-18, d'après l'uniforme de l'officier à cheval. Nous constatons un certains professionnalisme de
l'époque étant donné que, même en temps de guerre, les joueurs possédaient des tenues
adéquates pour ce sport, avec un maillot, des shorts, des chaussures à crampons et un blason. De plus les joueurs
devaient être équipés, nous observons que le joueur central, probablement le
capitaine d'équipe, tient dans ses mains une balle en cuir. Les matchs
prenaient place durant des temps de repos. Le capitaine sur son cheval, toujours
en tenue de combat surveille ses hommes.
Le football a connu avant 1914 une large diffusion par le biais de clubs locaux en France, qui disposait d'une équipe nationale. Le football était aussi appelé le "sport des tranchées".
Le football a connu avant 1914 une large diffusion par le biais de clubs locaux en France, qui disposait d'une équipe nationale. Le football était aussi appelé le "sport des tranchées".
La Première Guerre mondiale va servir de tremplin au sport moderne français et en favoriser la diffusion.
C’est au départ pour remonter le
moral et entretenir le potentiel physique des troupes enlisées dans la guerre
de tranchées que de jeunes officiers pédagogues, reprenant l’initiative de
quelques soldats, eurent l’idée de recourir au sport dès le début de 1915. Pour
les Poilus, issus majoritairement du monde rural, ce fut l’occasion de toucher
pour la première fois un ballon de foot.
À partir de ce moment, le
mouvement va rebondir et grandir, influencé par les grands événements du
conflit.
Carte postale ayant appartenu à René Driant avec son équipe, avant 1914 (selon l'uniforme du soldat à gauche) |
Le football va devenir
rapidement, au sein de l’armée française, le sport le plus pratiqué, et le
nombre de ses adeptes ne va pas cesser d’augmenter. On peut aussi remarquer, sur une carte postale plus ancienne (voir plus haut), que René Driant jouait déjà au football, au sein de l'armée avant 1914, ce qui explique peut-être son investissement dans ce sport durant la Grande Guerre.
Julie RIEUX et Sarah LOUIS (PS-01)
N°10: Les premiers monuments aux morts (1915).
Le monument de la nécropole nationale d'Etrepilly et celui de Barcy
Contrairement à ce que beaucoup peuvent penser, les premiers monuments célébrant les soldats morts pour la France ont été érigés au début de la Première Guerre Mondiale. S'inspirant du style des monuments de la Guerre de 1870, ils sont les premiers témoignages du culte des morts dès 1915. Ce sont les monuments élevés à Etrepilly et à Barcy à l'occasion du premier anniversaire de la bataille de la Marne, dite bataille de l'Ourcq, en septembre 1915.
Ils ont la forme d'un obélisque trapu avec des inscriptions patriotiques, la mention des régiments, sans la liste complète des soldats morts qui se trouvent, quant à eux, dans un cimetière accolé au monument.
Durant la bataille de l'Ourcq, le 7 septembre 1914, le 2ème régiment de zouaves se trouve devant Etrépilly. Il pénètre dans le village (avec une attaque de nuit à la baïonnette), mais les Zouaves sont arrêtés devant le cimetière où se sont retranchés les Allemands. Lors de l'assaut de cette position, la moitié de l'effectif disparaît dont le chef de corps, le colonel Dupujadoux.
A l'emplacement où se sont déroulés
les combats les plus acharnés, un monument aux morts a été érigé. Derrière
celui-ci est placé le cimetière militaire où reposent 534 soldats.
Au fronton du monument, on peut
lire ces lignes de Victor Hugo : '' gloire à notre France éternelle,
gloire à ceux qui sont morts pour elle ''.
Le
monument de Barcy est le second monument contemporain ayant été érigé au début
de la Première Guerre mondiale. Il commémore aussi les soldats morts près de la
rivière Ourcq pendant la bataille de la Marne de septembre 1914.
Il y eut aussi un monument provisoire construit à Gerbéviller, près des tombes des soldats de l'infanterie de marine qui y menèrent de furieux combats. Ainsi, dès le début de la Grande Guerre se met en place un culte des morts qui s'amplifiera après 1918.
Il y eut aussi un monument provisoire construit à Gerbéviller, près des tombes des soldats de l'infanterie de marine qui y menèrent de furieux combats. Ainsi, dès le début de la Grande Guerre se met en place un culte des morts qui s'amplifiera après 1918.
Héléne TAVERNE et Quentin HEYMES (PS-01)
N°11: L'enfant au masque à gaz.
Dans l'Illustration du 29 janvier 1916, il y a un grand reportage sur les enfants d'une école primaire de Reims avec leurs masques contre les gaz. En première page, on voit une grande photo d'un garçon de 5 ans, Robert Canonne, qui porte son masque à gaz. A l'époque, Reims était une ville proche du front, très exposée aux bombardements et parfois les obus étaient à gaz et non explosifs. Des méthodes ont été mises en place pour que les enfants de Reims puissent toujours aller à l'école de façon assidue. Par conséquent, des lunettes de protection, une pochette de compresses remplies d'antidotes contre les gaz asphyxiants demeurent dans leurs cartables; de plus, des classes souterraines ont été aménagées dans des caves.
Les enfants de Reims font des exercices de pose des masques à gaz comme les soldats dans les tranchées. Ils sont très réactifs aux explications. L'école primaire de Reims est donc prête à faire face à la moindre attaque.
Pour nous, adolescents du 21ème siècle, nous trouvons ces images choquantes en raison du jeune âge des enfants de Reims et on peut imaginer leurs sentiments et leurs traumatismes face au danger potentiel des gaz. Au travers de ces photos, on peut voir l'horreur de la guerre qui atteint ici un paroxysme.
N°12: Le corps expéditionnaire thaïlandais en France (1918).
N°14: La Victoire de 1918.
L'église Saint-Malo se trouve dans le centre ville de Dinan, dans les Côtes-d'Armor, en Bretagne.
Ce vitrail est donc une transposition de la guerre dans un domaine religieux, avec Jésus et des saints qui protègent ou sauvent les âmes des soldats qui les implorent sur le champ de bataille. Le deuil des familles est aussi fortement souligné.
Dans l'Illustration du 29 janvier 1916, il y a un grand reportage sur les enfants d'une école primaire de Reims avec leurs masques contre les gaz. En première page, on voit une grande photo d'un garçon de 5 ans, Robert Canonne, qui porte son masque à gaz. A l'époque, Reims était une ville proche du front, très exposée aux bombardements et parfois les obus étaient à gaz et non explosifs. Des méthodes ont été mises en place pour que les enfants de Reims puissent toujours aller à l'école de façon assidue. Par conséquent, des lunettes de protection, une pochette de compresses remplies d'antidotes contre les gaz asphyxiants demeurent dans leurs cartables; de plus, des classes souterraines ont été aménagées dans des caves.
Les enfants de Reims font des exercices de pose des masques à gaz comme les soldats dans les tranchées. Ils sont très réactifs aux explications. L'école primaire de Reims est donc prête à faire face à la moindre attaque.
Pour nous, adolescents du 21ème siècle, nous trouvons ces images choquantes en raison du jeune âge des enfants de Reims et on peut imaginer leurs sentiments et leurs traumatismes face au danger potentiel des gaz. Au travers de ces photos, on peut voir l'horreur de la guerre qui atteint ici un paroxysme.
Léa MATHIEU et Ledia KADIU (Seconde 03)
N°12: Le corps expéditionnaire thaïlandais en France (1918).
Lors de la Grande Guerre, des soldats thaïlandais (on disait siamois à l'époque) vinrent en France. Pourquoi cette participation du Siam à la guerre ?
Soldats siamois en France (source ECPAD) |
Lorsque le président des États-Unis Wilson déclara la
guerre à l'Allemagne en avril 1917, il était clair que l’entrée en guerre des
Américains aux côtés de la Triple Entente rompait l'équilibre au détriment des
puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie, Bulgarie et Empire ottoman).
Resté à l'écart du conflit, le roi Vajiravudh (Rama VI) examina alors les
opportunités que celui-ci lui offrait. Bien que le Siam soit resté neutre
depuis le début de la Première Guerre mondiale en août 1914 et que le pays
jouisse de relations amicales avec l'Allemagne, Rama VI trouva avantageux de
lier son sort à celui des puissances alliées. L'entrée en guerre fut donc le fruit d'un calcul politique.
Le monarque était convaincu que la participation du Siam
serait «une excellente occasion pour nous d'obtenir l'égalité avec les autres
nations», le Siam ayant souffert des visées impérialistes tant des Britanniques
(cession de quatre provinces du sud par le traité de 1909) que des Français avec la perte du Laos et du Cambodge.
En outre, le Siam ayant été contraint d'accepter des droits
d’extraterritorialité pour les citoyens de pays comme la France, la
Grande-Bretagne et les États-Unis, le roi Rama VI espérait que la participation
siamoise à la guerre permettrait une révision de ces traités inégaux.
Le 22 juillet 1917, le roi du Siam déclara la guerre à l'Allemagne et aux pays de Triple Alliance.
Au printemps 1918, un corps siamois de 1284 volontaires, dirigé par le lieutenant-général Phya Pijaijarnrit, partit pour la France et arriva à Marseille le 30 juillet 1918. Les soldats, équipés d'un casque Adrian portant l'emblème de leur pays, furent envoyés au front en septembre 1918, sans combattre, tandis qu'une centaine de pilotes siamois furent formés à Istres, Avord, à Cazaux en Gironde et dans diverses écoles de pilotage (quelques missions aériennes furent menées à la fin de la guerre).
Les troupes siamoises participèrent principalement à l'occupation de l'Allemagne à partir de novembre 1918 et reçurent la croix de guerre en mars 1919.
Il y eut en tout 19 morts, dont les cendres furent rapatriées à Bangkok et mises dans un mémorial.
Les conséquences de cette participation à la guerre furent importantes pour le Siam dont la souveraineté fut renforcée:
- Le pays fut un des signataires du traité de Versailles.
- Les troupes siamoises participèrent aux défilés de la Victoire à Paris, Londres et Bruxelles.
- Le Siam fut un des pays fondateurs de la SDN.
- Les statuts d'extraterritorialité pour les étrangers furent abolis.
Cette participation, même modeste, du Siam à la Grande Guerre fut donc un élément important de l'indépendance du pays.
Piyada TANEE (PS-01)
N°13: Les papiers d'identité durant la Grande Guerre.
Présentation des papiers
d'identité de contemporains de la Guerre de 14-18.
Pour
éviter l'espionnage, l'Etat a mis en place des papiers d'identité, délivrés par
la mairie du lieu de résidence de la personne.
Un arrêté du 15 mars 1917, signé par le général Robert Nivelle, commandant des armées françaises du Nord et du Nord-Est, précisa toutes les conditions de circulation dans la zone des armées. On peut trouver ce texte, très précis, intitulé "La circulation des citoyens français dans la zone des armées" (Paris, Imprimerie Nationale, 1917) sur le site Gallica :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65517720/f5.image.r=la%20circulation%20des%20citoyens%20fran%C3%A7ais%20dans%20la%20zone%20des%20arm%C3%A9es
Le préambule de l'arrêté disait qu'il fallait apporter des restrictions à la circulation dans la zone des armées, mais que "d'autre part, il convient de faciliter le développement des transactions économiques et commerciales dans la mesure où le permettent les nécessités de la Défense Nationale". Le texte définissait précisément :
- La zone des armées composée des limites des départements situés en arrière du front, de la Somme au Doubs avec les arrondissements de Beaume-les-Dames et de Montbéliard (liste page 12). Cette zone commençait à partir de la limite sud des départements mentionnés et se poursuivait vers le nord, jusqu'au front.
- Cette zone des armées était elle-même divisée en une zone réservée (les transports étaient réservés uniquement à l'armée) et une zone non réservée, séparées par une ligne de démarcation qui suivait le tracé de certaines lignes de voies ferrées comme la ligne Epinal - Nancy - Toul (liste des gares et voies page 12 du document).
- Une zone avancée, très proche du front, sous autorité des généraux d'armée, était aussi comprise dans la zone des armées. Elle était, normalement, interdite aux civils.
Les citoyens français étaient libres de circuler dans leur commune mais pas au-dehors ... Il fallait donc utiliser certains papiers, établis, après une demande avançant des motifs valables (visite de blessés, motif professionnel, convocation etc), soit par les autorités civiles (le maire ou le commissaire de police) ou militaires. L'arrêté du 15 mars 1917 précise que les papiers créés en 1916, étaient toujours valables :
- Une carte d'identité comprenant une photo d'identité, ayant une validité permanente.
- Un sauf-conduit ou permis de circulation provisoire, valable pour un voyage aller-retour, avec possibilité de reconduction.
L'arrêté du 15 mars 1917 créait une carte de circulation permanente et ses annexes fixaient la forme des différents documents.
On remarquera qu'il y a des variantes (pour la taille, la typographie, les tampons) pour des papiers du même modèle, en fonction des imprimeurs.
Sur cette carte, délivrée en 1916, il y a le nom, le prénom, une photo, la taille, le lieu de résidence etc … Ces papiers d'identités ne sont délivrés qu’aux personnes étant des « bons Français », on peut le voir grâce à la mention du maire « Je certifie qu'à ma connaissance son attitude au point de vue national n'a jamais donné lieu à remarque ». Ces papiers sont demandés par les autorités militaires. Ces papiers ci-dessous ont appartenu à Georges Beauvier, qui était un habitant de Malzéville. Ils lui permettaient de circuler, à pied et en voiture, depuis Malzéville, à Nancy et dans les communes limitrophes.
Un arrêté du 15 mars 1917, signé par le général Robert Nivelle, commandant des armées françaises du Nord et du Nord-Est, précisa toutes les conditions de circulation dans la zone des armées. On peut trouver ce texte, très précis, intitulé "La circulation des citoyens français dans la zone des armées" (Paris, Imprimerie Nationale, 1917) sur le site Gallica :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65517720/f5.image.r=la%20circulation%20des%20citoyens%20fran%C3%A7ais%20dans%20la%20zone%20des%20arm%C3%A9es
Le préambule de l'arrêté disait qu'il fallait apporter des restrictions à la circulation dans la zone des armées, mais que "d'autre part, il convient de faciliter le développement des transactions économiques et commerciales dans la mesure où le permettent les nécessités de la Défense Nationale". Le texte définissait précisément :
- La zone des armées composée des limites des départements situés en arrière du front, de la Somme au Doubs avec les arrondissements de Beaume-les-Dames et de Montbéliard (liste page 12). Cette zone commençait à partir de la limite sud des départements mentionnés et se poursuivait vers le nord, jusqu'au front.
- Cette zone des armées était elle-même divisée en une zone réservée (les transports étaient réservés uniquement à l'armée) et une zone non réservée, séparées par une ligne de démarcation qui suivait le tracé de certaines lignes de voies ferrées comme la ligne Epinal - Nancy - Toul (liste des gares et voies page 12 du document).
- Une zone avancée, très proche du front, sous autorité des généraux d'armée, était aussi comprise dans la zone des armées. Elle était, normalement, interdite aux civils.
Les citoyens français étaient libres de circuler dans leur commune mais pas au-dehors ... Il fallait donc utiliser certains papiers, établis, après une demande avançant des motifs valables (visite de blessés, motif professionnel, convocation etc), soit par les autorités civiles (le maire ou le commissaire de police) ou militaires. L'arrêté du 15 mars 1917 précise que les papiers créés en 1916, étaient toujours valables :
- Une carte d'identité comprenant une photo d'identité, ayant une validité permanente.
- Un sauf-conduit ou permis de circulation provisoire, valable pour un voyage aller-retour, avec possibilité de reconduction.
L'arrêté du 15 mars 1917 créait une carte de circulation permanente et ses annexes fixaient la forme des différents documents.
On remarquera qu'il y a des variantes (pour la taille, la typographie, les tampons) pour des papiers du même modèle, en fonction des imprimeurs.
Sur cette carte, délivrée en 1916, il y a le nom, le prénom, une photo, la taille, le lieu de résidence etc … Ces papiers d'identités ne sont délivrés qu’aux personnes étant des « bons Français », on peut le voir grâce à la mention du maire « Je certifie qu'à ma connaissance son attitude au point de vue national n'a jamais donné lieu à remarque ». Ces papiers sont demandés par les autorités militaires. Ces papiers ci-dessous ont appartenu à Georges Beauvier, qui était un habitant de Malzéville. Ils lui permettaient de circuler, à pied et en voiture, depuis Malzéville, à Nancy et dans les communes limitrophes.
Cette même personne a aussi
demandé un permis de circulation renouvelable, pour circuler librement à Nancy.
Les périodes de circulation durent 15 jours. On peut observer plusieurs tampons
qui prouvent qu'il a demandé plusieurs fois un renouvellement.
Georges Beauvier a aussi procédé
à un versement de 500 francs à l'Etat, pour la Défense Nationale, ce qui atteste de son patriotisme.
Tous ces papiers ont été
retrouvés dans son livret militaire. On peut observer dans ce livret qu'il a
été dispensé de sa classe militaire en 1877.
D'autres modèles de papiers d'identité montrent bien la volonté de surveillance du gouvernement, avec une liberté de circulation limitée à une zone très précise délimitée par cantons (à l'exclusion de la zone avancée, interdite), la détermination des moyens de transport (à pied, en voiture principalement, parfois à bicyclette et en chemin de fer) et une identification précise du titulaire des papiers, comme le montrent ces deux autres cartes d'identité (1916) attribuées à Berthe Millard à Pagny-sur-Meuse, et à Angèle Laurent à Laneuveville - derrière - Foug, la carte de circulation dans la zone des armées (créée le 15 mars 1917) pour Antoine Drouet, Jeanne Meunier et Claude Aubry, ou ces cartes attribuées à une famille de réfugiés originaires de Sommepy dans la Marne.
Carte d'identité de madame Angèle Laurent, femme Schweitzer, Laneuveville-derrière-Foug, 7 octobre 1916.
Carte d'identité de madame Berthe Millard, Pagny-sur-Meuse, 10 novembre 1916.
Carte d'identité de madame Angèle Laurent, femme Schweitzer, Laneuveville-derrière-Foug, 7 octobre 1916.
Cartes de circulation dans la zone des armées d'Antoine Drouet, receveur des postes, 14 août 1918; de Jeanne Meunier, commerçante, 17 juillet 1918 et de Claude Aubry, rentier, 3 novembre 1917.
Carte de circulation dans la zone des armées d'Antoine Drouet receveur des postes (recto et verso). 14 août 1918. Le périmètre de circulation est strictement fixé. |
Carte de circulation de Claude Aubry, de Lure en Haute-Saône, 3 novembre 1917. Document rajouté en mai 2019. |
Cartes d'identité délivrées en décembre 1915 par la commune de Semoutiers (Haute-Marne) à Alice et Louisa Soulier, et à Julia Rochon, réfugiées de Sommepy.
Gauthier SCHNEIDER, Paul MAGINOT, Lucas LECLERE (PS-01)
ANNEXE
Afin de compléter cette étude (juin 2019), nous présentons ici une série de sauf-conduits ayant appartenu à la famille Jeandel, qui tenait une épicerie en gros 21 rue du Pont-Mouja à Nancy depuis les années 1880. Ces documents ont été établis de 1915 à 1919 et montrent la diversité des formulaires de l'époque. Les membres de la famille Jeandel ont été amenés à se déplacer pour des motifs professionnels.
Sauf-conduit daté du 22 mai 1915, valable 8 jours, établi à Nancy au nom de Lucie Jeandel accompagnée de ses deux enfants, qui devait se rendre à Bayon. |
Sauf-conduit du 4 août 1915, valable 15 jours, pour Henri Jeandel, afin qu'il se rende à pied à Malzéville. Nous ignorons ce que sont les zones A, B, C, et Z... |
Sauf-conduit établi à Bayon le 18 septembre 1918 pour André Jeandel, pour un trajet Bayon - Mirecourt par la route ou par chemin de fer. |
Sauf-conduit établi à Bayon le 29 mai 1917 et valable un mois (jusqu'au 28 juin 1917) pour plusieurs voyages entre Bayon- Nancy - Paris - Vichy, pour Lucie Jeandel. |
Photos
prises à Phalsbourg et à Minversheim par un soldat français en novembre 1918.
Phalsbourg (en Moselle) et Minversheim (dans le Bas-Rhin) sont des villages situés sur la route menant à Strasbourg. En novembre 1918, les Français, vainqueurs, entrent en Moselle et en Alsace et s'installent dans ces localités avant d'arriver sur le Rhin. Plusieurs photos, prises par un soldat - brancardier, prénommé Emile (dont nous ignorons le nom), et annotées au verso, en témoignent. Ces soldats sont des brancardiers faisant partie du G.B.C. 3 (Groupe de brancardiers de Corps n°3).
Ils
sont accueillis à bras ouverts, principalement par les drapeaux aux abords des
maisons et par les femmes et les enfants vêtu de costumes traditionnels
(tels que la coiffe alsacienne), car les hommes à cette époque étaient partis en guerre, mobilisé dans l'armée allemande. Le village est pourtant germanisé comme le montrent les devantures de magasins et les panneaux.
Un
des brancardiers, Cosson, de l'opéra de Nice, brandit son casque et se met à chanter la Marseillaise devant
tout ses camarades et les habitants de Minversheim, ce qui donne une atmosphère joyeuse, fraternelle et de
cohésion avec le peuple alsacien.
Ces
photos montrent la solidarité du peuple français avec les Alsaciens, ce qui est rare pour des photos de guerre qui montrent généralement les
cotés désastreux et négatifs de la guerre.
Les brancardiers du G.B.C.3 terminent leur périple en se faisant photographier sur le monument érigé, selon la légende de la photo, en l'honneur de l'empereur allemand Guillaume Ier, ce qui témoigne de leur victoire et du retour de l'Alsace-Moselle à la France. Ce monument était situé à Woerth et représentait en fait le prince de Prusse, Frédéric - Guillaume. La statue fut détruite par les Français et le bronze servi à couler des cloches pour remplacer celles détruites par les Allemands en 14 - 18 ...
Les brancardiers du G.B.C.3 terminent leur périple en se faisant photographier sur le monument érigé, selon la légende de la photo, en l'honneur de l'empereur allemand Guillaume Ier, ce qui témoigne de leur victoire et du retour de l'Alsace-Moselle à la France. Ce monument était situé à Woerth et représentait en fait le prince de Prusse, Frédéric - Guillaume. La statue fut détruite par les Français et le bronze servi à couler des cloches pour remplacer celles détruites par les Allemands en 14 - 18 ...
Léa MATHIEU et Camille LAUNOIS (Seconde 03)
N°15: Les vitraux d'église honorant les soldats de la Grande Guerre .
A- Les vitraux de l'église Saint-Malo à Dinan.
L'église Saint-Malo se trouve dans le centre ville de Dinan, dans les Côtes-d'Armor, en Bretagne.
On
trouve de nombreux vitraux dans cet édifice, mais nous nous pencherons sur l'un
en particulier, dédié aux morts de la Première Guerre Mondiale.
Ce
vitrail, daté de 1921, a été réalisé par Henri Marcel Magne, de l'atelier
messein de Champigneulle. Après la mort de Charles Champigneulle, les vitraux
de l'atelier étaient encore signés Ch. Champigneulle malgré tout. On peut y
lire « Aux enfants de Dinan morts pour la France ».
La
partie supérieure du vitrail n'a rien de vraiment surprenant et a bien sa place
dans une église. On y aperçoit, de gauche à droite, les figurines divines de
Saint-Malo, Saint-Michel, Jésus et Jeanne d'Arc.
Les
détails en bas du vitrail sont cependant moins communs dans une église. On
aperçoit des soldats français de la Première Guerre Mondiale. Ces derniers
portent l'uniforme bleu. On peut relever des numéros de régiments sur leurs
cols. Ainsi, nous savons que ces soldats appartenaient aux 47e, 48e et 94e
Régiments d'Infanterie. On retrouve une autre référence au 94e Régiment sur le
drapeau brandi par l'un des soldats, qui affiche ce numéro.
On
trouve un autre homme, vêtu, lui, d'un uniforme moutarde. Il s'agit d'un soldat
de l'infanterie coloniale.
Ces
soldats, à terre, dans un décor qui semble renvoyer aux tranchées, lèvent les
yeux vers les quatre divinités, semblent implorer leur aide. L'un des hommes,
couché sur le sol, les mains sur sa poitrine, paraît mort. On aperçoit un canon
sur la droite, proche de flammes. Il y a également de la fumée, ces soldats
sont au cœur d'une bataille.
Sur
la partie basse du vitrail, on peut apercevoir un prêtre, penché sur une
tombe : un casque posé sur cette dernière nous apprend qu'il s'agit d'une
sépulture de soldat. On a déposé quelques fleurs jaunes sur celle-ci. Deux
jeunes filles, vêtues de noir, sont également visibles. L'une d'elles lève
les yeux au ciel, vers les quatre saints, l'autre est réfugiée dans les bras
d'une femme, à la posture dévastée, désespérée. Il s'agit sans aucun doute de
la veuve du défunt soldat, et de leurs filles.
Ce vitrail est donc une transposition de la guerre dans un domaine religieux, avec Jésus et des saints qui protègent ou sauvent les âmes des soldats qui les implorent sur le champ de bataille. Le deuil des familles est aussi fortement souligné.
Christelle BOUMOKONIA et Chloé LAVANOUX (PS-01)
B- Les vitraux de l'église Saint-Laurent à Vaucouleurs.
Vaucouleurs est une ville johannique située dans la Meuse. Jeanne d'Arc y rencontra Robert de Baudricourt en 1429 et organisa son équipée vers Chinon depuis cette ville. Cette ville possède aussi deux vitraux très connus sur la guerre
de 1914-1918, formant une sorte de diptyque dans l'église Saint-Laurent. Le premier vitrail porte sur le thème:
A nos Héros de
la Grande Guerre.
Vitrail réalisé par Janin Frères et Benoît de Nancy |
Il représente un Poilu, du 37ème Régiment d'Infanterie selon le numéro de son col (donc un régiment lorrain car basé à Nancy) qui est en train de mourir dans une tranchée, dans les bras de la Victoire qui brandit un drapeau tricolore. On peut y voir ses
enfants, très déterminés, prendre son fusil qu'il leur tend pour le venger. En haut du vitrail,
on peut voir une représentation du Christ et de Jeanne d'Arc accueillant l'âme
du soldat mort. En arrière-plan, on peut voir les dégâts de la guerre avec un village détruit.
Tout autour du vitrail, dans une guirlande de feuilles de chêne (la force) et de laurier (la victoire), on peut voir les noms de huit grandes
batailles de 1914 – 1918: Morhange, l'Yser, l'Oise, l'Aisne, la Marne, Verdun, la Somme, la Champagne.
Le second vitrail concerne le:
Retour du Vainqueur
Vitrail réalisé par Graff et Adam de Bar-le-Duc en 1921 |
On y voit un Poilu
également, décoré de la croix de guerre, en prière devant la statue de Notre-Dame des Victoires. Le soldat dépose son casque et sa canne à ses pieds pour prier; on voit sa famille
accourir vers lui les bras grands ouverts. Un ange est placé en haut du
vitrail, il représente la Paix et la Victoire. Sur les bords du vitrail sont
écrites les mots « Notre-Dame de la Victoire »; « Priez pour
nous »; « Ange de la Paix »; « Patrie »
« Famille ». La bordure représente également des feuilles de chêne et de laurier.
Ces vitraux, réalisés au début des années 1920, montrent une France à la fois victorieuse mais endeuillée par les pertes nombreuses de ses soldats, avec un message religieux prononcé: les soldats morts sont allés au Paradis car ils ont défendu la France et leurs enfants; les survivants, victorieux, remercient la Vierge pour les avoir protégés et permis de retrouver leur famille.
Julie REFFI, Clémentine PERNIN, Maxime LEMPIN (Classe de Seconde 04, novembre 2016).